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Nouvelle allégorique ou histoire des derniers troubles arrivés au Royaume d'Eloquence (1658)

Antoine Furetière
Mathilde Bombart, Nicolas Schapira (ed.)
Toulouse, Société des Littératures classiques, 2004

La Nouvelle allégorique raconte la guerre que se livrent deux royaumes : la princesse Rhétorique, souveraine du royaume d'éloquence, combat Galimatias, prince du pays de Pédanterie. Une bonne moitié de la Nouvelle est consacrée au récit de l'enrôlement des troupes dans chaque camp, ce qui permet au lecteur de découvrir les forces en présence. Du côté de Galimatias, on va trouver par exemple « les équivoques », « les allusions », les « hyperboles », commandées par différents auteurs du temps, Montmort, Nervèze et bien d'autres encore. La reine Rhétorique, conseillée par son principal ministre « Bon sens », fait appel à ses propres troupes : elle enrôle elle aussi des auteurs, tel Corneille, le chef des « cantons dramatiques », Madeleine de Scudéry, qui règne sur la « Pays de Tendre », Voiture et Sarazin, de la « région des vers galands ». La cavalerie vient du « Royaume Poëtique », et parmi les officiers de la reine, on trouve les rondeaux, les énigmes et les triolets. Après une bataille haute en couleur qui voit la victoire des forces de la reine, Galimatias parvient à reconstituer ses forces et à menacer de nouveau le camp de Rhétorique, miné par des dissensions. L'affaire se termine par un traité de paix, qui délimite précisément le territoire revenant à chacun des souverains, et qui définit leurs prérogatives.

Ce récit met donc en scène des écrivains, des figures de style, des livres, des genres littéraires, élevés au rang de personnages, confrontés les uns aux autres dans un canevas qui est celui d'un conflit armé. Cette hétérogénéité des éléments allégorisés - réalités textuelles (tropes, genres), objets (livres), institutions (l'Académie française, les collèges), personnages bien réels (auteurs, libraires, acteurs politiques…) - constitue l'une des spécificités de la Nouvelle allégorique.En outre la Nouvelle allégorique a la particularité de ne pas représenter, à la différence de la plupart des allégories, une image fixe, mais une narration, si bien que le procédé fonctionne en continu dans l'ensemble d'un récit complexe, et jusque dans les moindres détails de celui-ci. Véritable dynamique narrative, cette allégorie a un aspect indéniablement virtuose, mais résiste aussi du même coup à toute compréhension univoque. Et ce ne sont pas les notes marginales, omniprésentes, placées par Furetière lui-même pour élucider allusions ou mots techniques, qui en facilitent l'interprétation, car elles introduisent une strate supplémentaire de discours, et demandent au lecteur de circuler entre plusieurs niveaux de sens.


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