Résumé

En 2002-2003, ce séminaire, "Secret et tromperie à l'époque moderne : Virulence du libertinage", a poursuivi sa réflexion sur la catégorie de "libertin" entre xvi^e et xviii^e siècle et ses assomptions historiographiques, du xix^e siècle jusqu'à nos jours : libertinage (libertinisme) érudit, philosophique, mondain, de mœurs, etc. Il ne s'est pas seulement agi d'étudier comment l'apologétique anti-libertine continue d'informer l'historiographie à son insu, mais de revenir de la manière la plus précise et la plus circonstanciée aux pratiques et aux discours stigmatisés comme libertins (impies, athéistes, blasphématoires, etc.), pour comprendre les caractéristiques majeures, la dynamique et les enjeux, dans le contexte des sociétés d'ancien régime. Nous avons tâcher ainsi de mettre à l'épreuve des sources, l'hypothèse, qui nous paraissait toujours pertinente, suivant laquelle se constitue effectivement dans l'Europe de la première modernité, sous des formes plus ou moins clandestines, une culture et une éthique en rupture avec la dogmatique et la morale chrétiennes. Pour ce faire, nous avons accordé la plus grande attention aux modes d'écriture de textes réputés hétérodoxes, impies ou immoraux dans l'historiographie, en les considérant en étroit rapport avec leur premier horizon de destination et de réception, et dans le cadre des pratiques sociales dont leur production et circulation sont indissociables. Mais il s'est aussi agi, dans le va-et-vient entre le discours de l'histoire et ses sources, de considérer les phénomènes culturels et sociaux que l'historiographie de l'époque moderne et contemporaine appréhende spontanément comme l'héritage du libertinage d'ancien régime, le plus souvent (mais non toujours) négativement. Faire l'histoire du libertinage revient ainsi également à faire l'histoire des jugements que les historiens portent sur leur présent à travers l'objet libertinage. Par là, on fait certes indiscutablement apparaître les divers types d'engagement auxquels l'historien ne saurait renoncer sans vider ses objets de tout intérêt, mais peut-être se met-on aussi en mesure d'apercevoir la persistance, tout au long de l'histoire de la modernité, d'une culture d'émancipation du christianisme qui ne saurait se satisfaire de sa laïcisation superficielle, une culture aujourd'hui encore riche de ses potentialités théoriques et pratiques, et contre laquelle le savoir institutionnel ne cesse de réagir, comme en témoigne précisément l'usage réactif de la catégorie de "libertinage.

Programme

Lundi 25 novembre - Jean-Pierre Cavaillé : Virulence du libertinage, introduction du séminaire

Lundi 9 décembre- Jean-Pierre Cavaillé : Virulence du libertinage- 1

Lundi 13 janvier - Jean-Pierre Cavaillé : Virulence du libertinage- 2

Lundi 27 janvier - Jean Goldzink : Pertes et profits de la notion de libertinage

Lundi 10 février - François De Graux : Obscénité, mécréance et mélancolie au 17e siècle. Le cas Jean-Jacques Bouchard

Lundi 24 février - Jean-Pierre Cavaillé : Virulence du libertinage- 3

Lundi 10 mars - Jean-Pierre Cavaillé : Virulence du libertinage- 4

Lundi 24 mars - Laurence Giavarini : Pastorale et libertinage. La question de la fiction.

Lundi 28 avril - Michelle Rosellini : Critique des fables, critique de la religion : quelques points de repère.

Lundi 12 mai - Alain Mothu : Tetrapus homo : la thèse quadrupédiste. Acculturation et évolutionnisme dans la pensée libertine

Lundi 26 mai - Jean-Pierre Cavaillé : Virulence du libertinage- 5 et conclusion du séminaire

Les séances ont lieu de 16h à 18h, 105 bd Raspail, salle 1.