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Blaise Pascal - Pensées

Edition d'Alain Cantillon

Editions Thierry Marchaisse, 2023,  558 p.

Comment lire aujourd'hui les papiers laissés par Pascal à sa mort ? Cette nouvelle édition des Pensées, due à Alain Cantillon, repose sur trois principes essentiels, qui la démarquent des précédentes.
Elle sépare radicalement les écrits de la main de Pascal et ceux d'autres mains, dont la fiabilité est douteuse. Elle offre une mise en ordre thématique des pensées à la fois éclairante et d'un accès plus facile. Elle s'attache à conserver la ponctuation originale, et donc à restituer le rythme propre et la beauté de la prose pascalienne.
L'enjeu est de permettre, au XXIe siècle, une réactivation de la puissance critique des Pensées et un rapport nouveau aux manuscrits, désormais accessibles en quelques clics.

Le Menuisier de Nevers. Poésie ouvrière, fait littéraire et classes sociales (XVIIe-XIXe siècle)

Dinah Ribard
Paris, Seuil - Gallimard - Éditions de l'EHESS, Coll. "Hautes Etudes", 2023,  416 p.
Prix : 25 euros

Le Menuisier de Nevers est un nom d’auteur. C’est même le premier à être devenu célèbre parce que celui qui s’en servait proclamait dans ses livres qu’il était un ouvrier. Tout ici est étonnant : la date d’abord, autour de 1640, bien en amont de l’industrialisation de la France et d’une démocratisation de la culture ; la disparition complète du canon littéraire, ensuite, de ce poète longtemps fameux, réédité, lu et commenté, qui s’appelait en fait Adam Billaut.

La chronologie de la poésie ouvrière pose le problème historique qui se trouve au coeur de ce livre. La littérature n’a pas attendu que les ouvriers deviennent des acteurs de l’histoire, au XIXe siècle, pour consacrer des auteurs issus du peuple laborieux. L’apparition de ce travailleur manuel sur la scène littéraire à l’époque de Louis XIV prouve que la littérature n’enregistre pas le mouvement de l’histoire : elle est une forme d’action qui transforme les voies d’accès à la parole publique et façonne l’histoire des classes sociales.

Au cours des deux siècles suivants, on a trouvé naïve et populaire la poésie très savante de ce « Virgile au rabot ». Exception glorieuse dans une société férocement hiérarchique, sa figure a maintenu hors de la littérature les très nombreux artisans qui ont composé des vers dans cette période. Elle a ensuite été relayée par les ouvriers poètes qui ont intéressé un moment les éditeurs et écrivains progressistes de l’époque industrielle. En retrouvant tout ce peuple d’auteurs, Dinah Ribard montre que la littérature est une contribution essentielle à l’histoire de l’inégalité.

Ne pas finir

Dialogue de deux historiens à propos de "L’écharpe rouge" d’Yves Bonnefoy

Christian Jouhaud, Pierre Antoine Fabre
Bordeaux, William Blake Edit., 2023
Définir la noblesse

Définir la noblesse

Écriture et publication des traités nobiliaires au XVIIe siècle – Angleterre - France - Espagne

Camille Pollet
Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2023,  390 p.
Prix : 25 euros

Définir la noblesse

Écriture et publication des traités nobiliaires au XVIIe siècle – Angleterre - France - Espagne

Camille Pollet

D ans les sociétés européennes du XVIIe siècle, sauf exceptions, les gens naissaient et demeuraient inégaux en droits. La noblesse représentait un statut largement convoité, mais sa définition faisait l’objet de controverses incessantes, exprimées par des livres publiés par centaines : les traités nobiliaires. Qui était noble et qui ne l’était pas ? Comment justifier cette distinction fondamentale ? Comment définir la noblesse des femmes ? Pouvait-on devenir noble ? Que signifiait la rhétorique du « sang » et de l’« occulte semence » ? C’est sur ces problèmes sociaux que s’écharpaient les théoriciens dans l’Espagne des derniers Habsbourg, dans l’Angleterre des Stuarts et de la guerre civile, ainsi que dans la France d’Henri IV, de Louis XIII et de Louis XIV.
Ce livre met en lumière les auteurs, les traducteurs et les libraires impliqués dans la production des traités nobiliaires, ainsi que leurs lecteurs. Il propose un regard comparatif sur les théoriciens et les traités anglais, français et espagnols. En analysant les interactions entre média et société, et en envisageant l’écriture et la publication comme des actions, cette enquête interroge l’intensité, la permanence et les enjeux de ces luttes de définition de l’ordre social.

Publié avec le soutien de Nantes Université et de la Société d'étude du XVIIe siècle.

Les chroniqueurs d’Aragon et les pouvoirs de l’écrit. Les tisseurs du temps

Les chroniqueurs d’Aragon et les pouvoirs de l’écrit. Les tisseurs du temps

Héloïse Hermant
Paris, Classiques Garnier, ,  808 p.

À partir d’un point de vue décentré, celui du royaume d’Aragon, ce travail analyse les processus d’écriture de l’histoire officielle à travers le groupe des chroniqueurs officiels d’Aragon et plus largement des autres chroniqueurs officiels de la monarchie. Cette écriture collective est issue de collaborations codifiées propres au monde savant, d’intenses négociations nouées entre roi, royaume, localités et particuliers, mais également nouées par le rapport parfois houleux aux commanditaires, par la traversée toujours délicate des dispositifs de censure (religieuse, régnicole et royale) et par les difficultés que rencontrent nos chroniqueurs pour consulter certaines archives réservées. En partant de la matérialité des écrits et de l’imbrication des réseaux savants et politiques et en restituant les opérations pragmatiques qui vont de la délimitation du dicible et du mémorable à leur transformation en livre, c’est toute une histoire de la formation, de la circulation et de la manutention de l’information historiographique qui se dessine. L’histoire peut être considérée à la fois comme une écriture de service et comme un ensemble de pratiques et de gestes intellectuels dont la validation comme savoir et l’horizon de recevabilité se forgent dans des interactions corsetées par des codes sociaux et des impératifs politiques. Mais il s’agit aussi de montrer comment l’élaboration (collaborative ou conflictuelle) de ces récits d’un passé commun contribue dans son mouvement même, à articuler territoires et communautés à l’échelle de la monarchie à partir de leurs particularismes. Sans nous laisser enfermer dans le face à face roi/royaume, nous cherchons à établir une histoire de la monarchie composite espagnole pensée comme corps communicationnel, tant il est vrai que les discours sur le passé résultent de négociations entre des forces sociales et des institutions qui impliquent toute la péninsule.

Sciences humaines 2023-2025

« Christian Jouhaud, Dinah Ribard, Nicolas Schapira, Histoire, Littérature, Témoignage. Ecrire les malheurs du temps »

Maxime Martignon (ed.)
Atlande, clef-concours khâgne, 2023

L'Adhésion littéraire

Alain Viala
Le Temps des cerises, 2022,  186 p.
Prix : 18 €

L’Adhésion littéraire est un essai court (moins de 200 pages) et d’une lecture aisée, adressé à tous ceux qui aiment la littérature et la font vivre, qu’ils soient simples lecteurs et lectrices, enseignants, bibliothécaires, libraires… Plutôt que de revenir à la vieille question « qu’est-ce que la littérature ? », Alain Viala pose la question : « que faisons-nous quand nous faisons de la littérature ? ». À partir de textes classiques (Racine, Proust) aussi bien que populaires (La Chanson de Craonne), il refuse le discours réactionnaire de la « crise de la littérature », engage un dialogue polémique avec Antoine Compagnon, revendique une conception large et ouverte de la littérature et en affirme la nécessité pour la démocratie.

ISBN : 978-2-37071-251-6

Don Quichotte à Versailles

Don Quichotte à Versailles. L’Imaginaire médiéval du Grand-siècle

Marine Roussillon
Champ Vallon, Epoque, 2022,  224 p.
Prix : 21 euros

On n’a pas attendu Tolkien ou les romantiques pour inventer un Moyen Âge de fantaisie. À la cour de Louis XIV, les nobles jouent aux chevaliers et combattent des géants. Dans les romans, à l’opéra, dans les contes, on croise Clovis et Charlemagne, des fées et des troubadours. Le passé médiéval est un enjeu de pouvoir : il prouve l’ancienneté d’une famille, légitime les prétentions d’une couronne. C’est aussi un objet de plaisirs : plaisirs coupables de lecteurs (et surtout de lectrices) décrits comme de nouveaux Don Quichotte, fêtes royales, divertissements de l’opéra… En imaginant son passé médiéval, le XVIIe siècle définit les plaisirs acceptables et ceux qui ne le sont pas, débat des pouvoirs de la fiction et instaure une coupure durable entre l’esthétique et le politique.

 

TABLE DES MATIÈRES

Introduction

Prologue.

Don Quichotte, Chimène et le roi : Plaisirs dangereux et plaisirs utiles.

1617 : Portrait du roi en Don Quichotte

La querelle du Cid et l’ordre des plaisirs

Peut-on contrôler le plaisir ?

Les avatars français de Don Quichotte

Communauté de plaisir, communauté nationale : Charles Sorel et l’écriture de l’histoire

 

Première partie. Susciter l’intérêt

Chapitre I. Le Moyen Âge du libraire Augustin Courbé

Satisfaire les érudits et plaire aux dames

Le premier dictionnaire de la langue médiévale : Pierre Borel

Une tragédie ratée : Pertharite de Corneille

Les poèmes épiques des années 1650

 

Chapitre II. Modernité galante et identité nobiliaire

Vincent Voiture et le comte de Saint-Aignan : la promotion d’une élite nouvelle

Une lecture politique du Lancelot : Jean Chapelain

Ressusciter la chevalerie, réformer la noblesse : Vulson de la Colombière

 

Deuxième partie. Un pouvoir agréable : les Plaisirs de l’île enchantée

Chapitre III. « C’est le pur sang de Charlemagne ! »

Entre histoire et fiction

Un souverain qui « aimait les belles lettres »

Généalogie ou mérite personnel ?

Empereur chrétien ou chevalier galant ?

 

Chapitre IV. Des chevaliers à Versailles

De quel passé les chevaliers viennent-ils ?

Le spectacle des chevaliers

Le roi et la magicienne

Les chevaliers galants

Guidon le Sauvage : quand divertir la cour est un acte de pouvoir

 

Chapitre V. Au-delà de la cour

Le chevalier : noblesse galante ou noblesse guerrière ?

La course de bague, revue des nobles ou portrait du roi ?

Le duc de Saint-Aignan : Roland ou Don Quichotte ?

 

Troisième partie. Plaire à qui et comment ? Anciens et modernes

Chapitre VI. Les combats de Clovis

Clovis ou la France chrétienne, un poème épique de Desmarets de Saint-Sorlin

La Querelle des Imaginaires : faut-il brûler Clovis ?

Michel de Marolles : une critique savante de l’invraisemblance

La réponse de Desmarets : déplacer le débat sur le terrain politique

La Querelle du merveilleux chrétien : comment louer efficacement le roi ?

 

Chapitre VII. Des chevaliers d’opéra

Une mode médiévale à la cour

Enchantements : l’imaginaire médiéval comme objet de plaisir

Lully, Amadis et Louis XIV

Le choix du roi : goût et politique

Deshoulières, Amadis et Saint-Aignan

Les plaisirs en débats

 

Chapitre VIII. Les troubadours et les fées : une écriture féminine du passé médiéval

Marie-Jeanne L’Héritier, Boileau et la querelle des femmes

Mauvaises lectures et bonnes lectrices

Écrire le pouvoir au féminin : l’esthétique du merveilleux dans les contes

Écrire le savoir au féminin : l’histoire des troubadours

La Querelle des Cours d’amour et le pouvoir des femmes

 

Conclusion : Libérer les plaisirs

Index

Sources et bibliographie

Table des illustrations

Le Siècle de Marie Du Bois - Ecrire l'expérience au XVIIe siècle

Christian Jouhaud
Paris, Editions du Seuil, L'univers historique, 2022,  384 p.
Prix : 25 euros

 Comment penser et écrire une histoire de l’expérience de vivre ? Telle est la question posée par Christian Jouhaud à partir de « l’espèce de journal » tenu pendant trente ans par Marie Du Bois, gentilhomme du Vendômois, valet de chambre des rois Louis XIII et Louis XIV. Cet écrit singulier surprend d’abord par la difficulté de lui trouver un statut : ce n’est ni un livre de raison, ni une autobiographie, ni un journal spirituel, ni une histoire, et pourtant il peut être abordé sous tous ces aspects.

Il ne s’agit pas non plus d’une histoire de vie, mais d’une histoire des expériences d’un homme « ordinaire » en ses territoires de vie. Le je de Du Bois, qui s’exprime continûment, ne sert en effet aucun épanchement autobiographique, mais, de page en page, il permet de comprendre l’itinéraire de l’intériorisation des normes et des contraintes par quelqu’un qui a confié à l’activité d’écrire régulièrement la représentation de sa vie comme action. L’exercice pourrait sembler futile, ou mineur, si l’événement politique ne venait pas brutalement fracasser la mécanique diariste, finissant par politiser l’écriture, par exemple dans l’expérience intime de signes de désordre, comme pendant la Fronde, qui menacent la lisibilité d’un monde dont l’ordre est la valeur cardinale.
Depuis la chambre du roi et la campagne du Vendômois sont ainsi revisités les rapports entre local et national au XVIIe siècle, l’histoire politique de l’État, l’histoire anthropologique de l’acte d’écrire et de transmettre par l’écriture, inscrivant, dans le siècle de Louis XIV, un siècle de Marie Du Bois.

Bussy-Rabutin en sa Tour dorée

Bussy-Rabutin en sa tour dorée

Christophe Blanquie
Paris, Les Dossiers du Grihl, 2021,  158 p.
Prix : 15 euros

Exilé en Bourgogne en 1666 après le scandale de l’Histoire amoureuse des Gaules, Bussy-Rabutin entreprend de réparer sa fortune et d’embellir ses maisons. Le décor de son appartement est refait à son goût et à son image suivant un programme décoratif qu’il a défini et commenté. Lambris mythologiques, portraits, allégories et cartels traduisent sa culture, illustrent son lignage et décrivent son monde. Identifier la source de chacun des éléments du décor de sa Tour dorée, en retrouver les références anciennes et modernes, c’est donc comprendre le travail de sa composition et matérialiser le rapport des visiteurs et lecteurs à une œuvre jouant volontiers sur les images.

Edition en ligne : https://journals.openedition.org/dossiersgrihl/8594

Edition papier : https://www.i6doc.com/fr/book/?gcoi=28001100260650

 

Sommaire :

Le pouvoir d’un décor

Les Travaux d’Hercule

Les Métamorphoses de la Tour dorée

Les portraits du registre supérieur

Un plafond allégorique

Hypothèses

Annexe : Œuvres de Bussy-Rabutin

Crises et renouveaux du geste hagiographique. Les Vies de Jeanne de Chantal (XVIIe et XXe siècles)

Marion De Lencquesaing
Paris, Paris, Classiques Garnier, coll. « Lire le XVIIe siècle », 2021

La condamnation par l'Index de la Sainte Chantal de Henri Bremond (1912) est le point de perspective de l'étude sur Les Vies de Jeanne de Chantal, qui donnent à lire les nouveaux saints du XVIIe siècle. Mais ce retour au XVIIe siècle est un geste polémique : écrire une Vie, c'est reconstruire ce qu'est la sainteté.

Je vous prends sans vert, Choix des textes, préface et notes

Christian Jouhaud
Presses universitaires de Nanterre, 2020

 La Comédie-ballet Je vous prends sans vert a été jouée 64 fois à la Comédie-Française. Donnée comme « deuxième pièce » – le jour de sa création en 1693 après Le Misanthrope –, elle n'a été éditée qu'en 1699. Elle raconte l’histoire d’un officier qui se fait passer pour mort afin de surprendre le dévergondage de son épouse. Et la joie règne en effet dans le château où la jeune femme fête l’arrivée du mois de mai.

Cette pièce facétieuse et leste montre une image peu conventionnelle du XVIIe siècle. Le trouble commence avec son titre. Que signifie Je vous prends sans vert? L’enquête conduit d’abord dans la chambre de Louis XIV enfant et mène ensuite d’un jeu à l’existence incertaine jusqu’aux dérivations littéraires d’une expression usuelle. Le mystère de l’auteur caché accompagne aussi Je vous prends sans vert et les textes qui lui font escorte dans cette réédition.

Maîtres et secrétaires (XVIe - XVIIIe siècles) - l'exercice du pouvoir dans la france d'ancien régime

Nicolas Schapira
Paris, Albin Michel, 2020,  336 p.
Prix : 24 euros

Secrétaire, secrétariat : une figure aujourd'hui omniprésente, une présence qui va de soi. Il fut un temps où le secrétaire était un domestique, un intime, gardien des secrets et des affaires privées de son maître.
L'enquête de Nicolas Schapira met en lumière l'apparition de ce couple, où l'un décide tandis que l'autre conseille, écrit, et tient mémoire. C'est entre Renaissance et âge des Lumières, au moment où le papier devient le support de toute décision, que paraît ce personnage nouveau, pouvant être simple scribe comme conseiller des princes, reconnu pour son expertise. Quelle que soit sa condition, le secrétaire est une silhouette de l'ombre : des traités sont écrits pour louer son action et ses compétences, mais les contemporains dénoncent son influence excessive et son ubiquité.
Associant les méthodes de l'histoire et des sciences sociales, ce livre raconte l'ascension d'un groupe qui ne s'identifiait ni à un métier ni à un statut, mais dont le pouvoir s'accrut à mesure que l'État se construisait sous l'Ancien Régime et qu'il pénétrait progressivement toutes les strates de l'administration, jusqu'à nos jours.

Poétique de l'extase

Poétique de l’extase France, 1601-1675

Clément Duyck
Paris, Classiques Garnier, Lire le xviie siècle, 2019,  649 p.

Qu’y a-t-il de commun à l’extase des saints et des poètes, des sorciers et des prophètes, de la théologie et de la mélancolie, des philosophes et des illuminés qui vocifèrent leurs cantiques ? Un excès qui poétise les corps, les comportements, la langue et les savoirs, leur imprimant la marque d’une loi autre que celle dont ils sont jugés. Une défaillance du sens, qu’une littérature composée de récits (auto)biographiques, de traités de spiritualité et de poésie lyrique a voulu prendre en charge en France au XVIIe siècle, avant que l’extase ne soit définitivement reléguée aux franges des bienséances et de la religion.

 



ISSN : 2108-9876

ISBN : 978-2-406-08132-6
Fiche éditeur : https://classiques-garnier.com/poetique-de-l-extase-france-1601-1675.html
DR_2019

1969 : Michel Foucault et la question de l'auteur

"Qu'est-ce qu'un auteur ?"

Dinah Ribard
Paris, Honoré Champion, Textes critiques français, 2019,  112 p.

Michel Foucault donne en 1969 à Paris, puis en 1970 aux États-Unis, une conférence sur la question de l’auteur dont la formule-clé, « Qu’importe qui parle », est empruntée à Samuel Beckett. Il existe plusieurs manières de donner un contexte aux propositions avancées dans ce texte qui fit événement, de raconter l’histoire de son impact sur la théorie, la critique, l’histoire du fait littéraire, d’y réagir enfin. On s’efforce ici d’éclairer ces interprétations, ces récits, leurs évolutions et leurs enjeux, en s’intéressant notamment à leur caractère contradictoire, ainsi qu’à l’importance qu’ont eue, pour l’évolution des études littéraires, des choses que Foucault ne dit pas dans « Qu’est-ce qu’un auteur ? ».


ISBN : 978-2-7453-4832-6
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La Griffe du temps : Ce que l'histoire peut dire de la littérature

Judith Lyon-Caen
Paris, Gallimard - NRF, 2019,  304 p.
Prix : 22 €

Aux devantures des librairies, on ne compte plus les ouvrages d'historiens réfléchissant gravement à leur rapport avec la littérature. Doivent-ils en faire une source de leur savoir, mais en contextualisant la fiction depuis leur surplomb, au risque de ne pas faire mieux que l'histoire littéraire et manquer ce que fait la littérature ? Ou bien recourir à l'écriture de la fiction, quitte à s'installer prosaïquement dans l'entre-deux-genres d'une classique monographie ? Judith Lyon-Caen propose une aventure plus ambitieuse : à partir d'une nouvelle de Jules Barbey d'Aurevilly, « La vengeance d'une femme », l'historienne part de ce qu'est la littérature : une expérience d'être au monde, pour mesurer l'éclairage que sa discipline peut apporter à la mise en écriture romanesque. Ainsi de ces myriades d'objets, de parures, de rues et boulevards ou de lieux parisiens dont la description a pour fonction d'attester la réalité du récit : l'historien décrypte ces traces du temps, que ce soit le temps de la rédaction ou celui de l'action du récit, en retrouve l'origine, réfléchit à la manière dont le romancier en a été affecté. Non pas pour réduire l'écriture romanesque à un ancrage dans une époque, mais, au contraire, pour éclairer comment une époque nourrit le sens d'une écriture. L'historien en « herméneute » du matériau littéraire, en quelque sorte. Une invitation à apprendre à mieux lire ce qui fait la littérature et ce que fait un romancier.

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Une femme a passé

Méditation sur la Gradiva

Christian Jouhaud
Paris, Gallimard - NRF, Connaissance de l'inconscient, 2019,  144 p.
Prix : 16 €

L’essai de Freud Délire et rêves dans la « Gradiva » de Jensen (paru en 1907) présente les concepts de base de la théorie psychanalytique de manière très didactique, en observant les personnages inventés par le romancier allemand comme des personnes réelles. Il  s’empare des scènes où s’agitent le héros, sa Gradiva de plâtre et sa voisine Zoé pour figer leurs interactions en autant de figures aptes à l’abstraction, comme le faisaient les auteurs d’emblèmes et de « devises » [imprese] de la Renaissance et de l’âge baroque.  Quelque chose dans la fiction échappe pourtant à cette opération et ce quelque chose sert d’ouverture par où regarder Freud comme lecteur « ordinaire » de fiction. Chemin faisant, à partir des silences freudiens confrontés à la poétique des ruines et de leurs spectres pratiquée par Jensen et quelques autres, ce livre s’interroge sur l’historicité des fantasmes et de leurs mises en récit comme visions.


ISBN : 978-2-07-282681-8

La singularité / Singularity

Openedition Journals, Tracés, 2018, 245 p

Samuel Hayat, Judith Lyon-Caen, Federico Tarragoni (ed.)
2018

 Ce numéro construit la notion de singularité, entre les sciences sociales, la philosophie et les arts, en prenant un double point d’appui. Le premier est celui des opérations analytiques consistant à produire un savoir généralisant et ouvert à la comparaison à partir d’objets réputés singuliers, uniques, irréductibles, contingents. Tout en s’inscrivant dans la continuité des débats fondateurs en sciences sociales sur l’articulation de la représentativité et du « cas limite », les différents articles du dossier les prolongent sur des bases nouvelles, en s’inspirant des savoirs de la philosophie, du droit ou des arts. Le deuxième point d’appui, plus empirique, est celui des processus concrets de singularisation des individus, à partir de pratiques, d’interactions et de sociabilités dans des domaines divers (représentation politique, engagement militant et usages du droit, pratiques artistiques et culturelles, pratiques d’esthétisation du corps, sociabilités de voisinage). Il s’agit ici d’analyser, cas par cas, les logiques de construction d’identités singulières chez les individus, et de comprendre comment elles interagissent avec les déterminations sociales.

Editorial.

Samuel Hayat, Judith Lyon-Caenet Federico Tarragoni

La singularité

 

Articles

Marjorie Glas

Le populaire et le singulier. La singularité de l’acte créateur face au rôle social du théâtre (1945-1980)

Nathalie Ponsard

Figures de la singularité dans le monde ouvrier militant en France (seconde moitié du xxe siècle)

Christian Guinchardet Laetitia Ogorzelec

Discerner des singularités. De l’embellissement des façades et des jardins à la construction des vertus dans une ancienne cité minière d’Alsace

Marion Braizaz

La singularité de l’apparence : une quête esthétique paradoxale sous le joug des normes genrées de beauté

Fabienne Martin

L’homme sans nom, ou la singularité esseulée

Baudouin Dupret

Le général et le particulier. Perspective analytique et praxéologique sur la règle de droit

Florian Pedrot

Ce que vivre une situation singulière veut dire : le cas des victimes

Christian Le Bart

Exemplarité et singularité dans le champ politique. Les livres des politiques

 

Notes

Florent Coste

Littérature et théorie littéraire à l’ère du singularisme[Texte intégral]

Tryggvi Örn Úlfsson

Singularité, universalité, généricité et généralité chez Alain Badiou[Texte intégral]

 

Entretiens

Alain Blum, Simona Cerutti, Samuel Hayat, Judith Lyon-Caenet Federico Tarragoni

S’adresser à l’autorité en tant qu’individu singulier : parcours historiques croisés. Entretien avec Alain Blum et Simona Cerutti

Propos recueillis par Samuel Hayat, Judith Lyon-Caen et Federico Tarragoni et présentés par Judith Lyon-Caen

 

Franck Leibovici, Samuel Hayatet Yaël Kreplak

Établir le catalogue raisonné de l’œuvre d’un artiste, construire la singularité d’un regard. Entretien avec les Archives Henri Michaux

Propos recueillis par Samuel Hayat et Yaël Kreplak et présentés par Yaël Kreplak

Une histoire brève de la littérature française

t. 3 : De la Révolution à la Belle Epoque

Paris, PUF, 2017

Lire jean de Labadie, 1610-1674, Fondation et affranchissement

Pierre Antoine Fabre, Nicolas Fornerod, Sophie Houdard, Maria-Cristina Pitassi
Paris, Classiques Garnier, Rencontres, 2016,  297 p.
Prix : 17 euros

Qui fut Jean de Labadie (1610-1674) ? S’il n’avait pas existé, il pourrait être la fiction idéale du migrateur moderne, venu du centre de la catholicité pour parvenir jusqu’à la nouvelle terre promise américaine. Mais il a existé, et il a écrit une œuvre immense, interrogée dans cet ouvrage.

Apologie pour Machiavelle

Édition critique du manuscrit de 1668 par Jean-Pierre Cavaillé en collaboration avec Cécile Soudan

Louis Machon
Paris, Honoré Champion, Coll. "Libre pensée et littérature clandestine", 2016,  740 p.
Prix : 70€

« Il est mort trop tôt pour moi ». Tels sont les mots que Louis Machon, alors simple curé du Tourne, près de Bordeaux, écrit à propos de Richelieu, dans la préface de la dernière version manuscrite (1668) de son grand ouvrage Apologie pour Machiavelle, déjà terminé en 1643, condamné par son audace, beaucoup plus que par la mort du cardinal ministre, à demeurer impublié pour de longs siècles.
Cet ouvrage présente, sous sa forme originale, le texte inédit et l’édition critique de la première réhabilitation ouverte, complète et systématique de Machiavel en France, conduite dans le cadre d’une théorie radicale de la raison d’État. L’auteur en effet entreprend de démontrer que toutes les maximes considérées comme les plus impies de Machiavel sont pourtant vraies et parfaitement compatibles avec une interprétation proprement machiavélique du christianisme.

Le théâtre en France

Alain Viala (ed.)
Paris, PUF, Quadrige Manuels, 2016 [1996]

Qu'est ce que le théâtre ?

Quelles sont les particularités de chaque époque de l'histoire du théâtre français ?

Quelles sont les conditions de représentation et les rapports avec le public propres à chaque période ?

Texte et spectacle, aventure collective et lieu d'émotions individuelles, art de l'instant et institution de tous les temps, le théâtre est l'un des phénomènes culturels les plus complexes qui soient. Par lui, chaque société se donne d'elle-même un chatoiement d'images et d'interrogations. Pour en comprendre les enjeux, il faut pouvoir tout à la fois le décrire et en parcourir l'histoire, dans ses relations avec les conditions de représentation et les mutations des structures sociales, des mentalités et des esthétiques. Ce manuel, réalisé avec la collaboration de spécialistes reconnus, propose une mise en perspective théorique et une histoire des genres, des salles et des troupes en même temps que l'analyse des oeuvres majeures du théâtre français, depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours.


ISBN : 978-2-13-073581-6
Pascal. <em>Pensées</em>

Pascal. Pensées

Alain Cantillon, Eric Tourrette
Atlante, 2015

La première partie de cet ouvrage (Repères et Problématiques), rédigée par Alain Cantillon, est une présentation synthétique non totalisante des Pensées-de-Pascal, qui tient compte de l’histoire de cet écrit et des contraintes imposées à leurs lecteurs par leur forme d’inachèvement discontinu.

Sommaire : Repères (Incertain Blaise Pascal / Un penseur en France entre 1632 et 1662) Problématiques (Un certain inachèvement / Mais qui parle ? / La condition tragique / La force d’un écrit)

Voir la table des matières détaillée à cette adresse : http://www.fabula.org/actualites/a-cantillon-e-tourrette-pascal-pensees_72115.php

L'Âge classique et les Lumières

L'Age classique et les Lumières

Alain Viala
Paris, PUF, 2015

Depuis le Grand Siècle jusqu'à la Révolution, s'étend l'une des période les plus fécondes des Lettres françaises. C'est le temps où le théâtre devient une institution, de Molière et Racine à Marivaux et Beaumarchais, et où le roman prend forme, de Mme de Lafayette à Choderlos de Laclos. C'est aussi le temps de l'éloquence et de la multiplicité des formes (fables, contes, lettres, sermons, discours, maximes... à, des esthétiques et des querelles. Le temps, enfin, où les libres-penseurs allument les "lumières de la raison", théorisées par Descartes et cultivées par Voltaire et Rousseau, Diderot et les Encyclopédistes. La littérature participe de plain-pied à l'évolution des sciences, des idées politiques et des modes de sociabilité. Voilà toute l'histoire qu'Alain Viala met ici en récit.

Richelieu et l'écriture du pouvoir. Autour de la journée des Dupes

Christian Jouhaud
Paris, Gallimard, L'Esprit de la cité, 2015,  341 p.
Prix : 21,90 Euros

On a beaucoup écrit sur la Journée des Dupes, souvent la même chose : un jour Richelieu est congédié, le lendemain il triomphe, élimine ses ennemis et poursuit son éclatante carrière au cœur des rouages du pouvoir monarchique. Mais cet épisode ne se réduit pas à la narration qui prétend le restituer. Il s’insère dans une suite d’événements, qui le produit et lui donne sens.

Christian Jouhaud reconstitue cette crise politique dans sa longue durée. Il en retrouve les protagonistes célèbres ou moins connus, scrute les décors et les lieux, met au jour les enjeux visibles, les passions dissimulées, les non-dits et les arrière pensées. Défilent ainsi sous un éclairage parfois surprenant les figures attendues de Louis XIII, roi de cérémonie et de violence, de la reine mère, d’un Richelieu tacticien de la puissance de l’État autant que de sa propre histoire ; mais encore les vaincus de cette crise, un Marillac, un Bassompierre, qui en portent témoignage du fond de leur défaite.

L’histoire du pouvoir politique n’a de meilleure voie d’accès que de disséquer un Événement, comme dans une autopsie, pour en explorer les ramifications et les replis. Mais cette histoire n’est intelligible que dans les traces écrites qui disent les actions du pouvoir et dans le travail d’écriture conçu par le pouvoir pour s’inscrire dans le temps.

La Folie Dartigaud

Christian Jouhaud
Paris, Editions de l'Olivier, Penser / Rêver, 2015,  87 p.
Prix : 14 Euros

Dartigaud a-t-il existé ? Oui et non. Ce livre est le fruit de cette incertitude. Vie d’un historien – ombre inquiétante de l’auteur – essai sur l’écriture de l’histoire, souvenir d’une puissance inexpliquée : la folie du personnage, engendrée par l’avidité d’un rapport déréglé au passé, produit une science historique sans recoins sombres ni portes dérobées.

Dans ce livre à surprises, on croise un meurtrier condamné à mort, un policier devenu tenancier de bistrot, quelques grandes figures des sciences sociales naissantes, un curé-poète du XVIIe siècle et aussi François Mauriac et Henri de Toulouse-Lautrec. Et même un psychanalyste sans nom et sans visage qui constate un jour que Dartigaud n’a plus d’ombre. Est-il donc guéri ?

Le Pari-de-Pascal - Étude littéraire d'une série d'énonciations

Alain Cantillon
Paris, Vrin/EHESS, Collection Contextes, 2014

Quel est le mode effectif d'existence d'un écrit au fil du temps? Comment les traits illisibles d'un manuscrit inachevé ont-ils pu être transformés en un texte considéré comme un chef-d'oeuvre de la littérature ? Comment lePart-de-Pascal se déploie-t-il, et par quelles voies a-t-il pu venir jusqu'au tempsprésent ?

Comment ce déploiement et ce trajet le constituent-ils et lui donnent-ils toute sa force ? Si l'on examine concrètement les procédures de l'idéalisation textuelle, apparaît l'entrelacement continu, très serré, d'énonciations .(éditions et commentaires) qui sans cesse, et nécessairement sans succès, tentent de re-produire un texte authentique, et qui sans cesse, par leur  travail, activent cette série d'énonciations dans l'actualité de la vie politique et sociale.

Une histoire brève de la littérature française

Le Moyen Âge et la Renaissance

Alain Viala
Paris, PUF, 2014

Qu'est-ce qu'une chanson de geste, un fabliau, un mystère ? Pourquoi le succès durable d'un François Villon ou d'un Rabelais ? Qui était Rutebeuf ou Agrippa d'Aubigné ? Du temps de cathédrales jusqu'o l'humanisme de la Renaissance en passant par le siècle de saint Louis et la guerre de Cent Ans, de lla poésie courtoise à la Pléiade, de Chrétien de Troyes à Montaigne, c'est la naissance de la littérature française que retrace cette histoire synthétique et vivante, illustrée de nombreux extraits.

Ce premier volume donne le ton : l'enjeu des de présenter les auteurs et les textes dans le contexte de leur temps et de leur société, selon l'état des sensibilités et des pratiques culturelles. Une telle exploration invite donc au dépaysement, qui seul permet d'éprouver le plaisir littéraire dans ses multiples dimensions.

Les Déniaisés. Irréligion et libertinage au début de l'époque moderne

Jean-Pierre Cavaillé
Paris, Classiques Garnier, Collection "Lire le XVIIe siècle", 2014

« Esprits déniaisés et guéris du sot », c’est ainsi que se nomment eux-mêmes, dans la France du XVIIe siècle, ceux que leurs ennemis appellent, de manière infamante, les libertins. Le mot renvoie à une subversion des trois ordres : moral, politique et religieux. Ce travail de sape est ici étudié à travers une série de cas et de thèmes où les textes sont toujours étroitement associés à leurs contextes de production et de diffusion et à la vie des hommes et des femmes qui les ont écrits. Dans ce livre, l’érudition n’est pas séparable d’un souci constant de réflexivité et de mise en doute des fausses évidences du grand récit consolidé de l’histoire des idées et des hommes ; ainsi l’auteur tente-t-il de participer, par-delà les temps, à la culture qu’il étudie.


ISBN : 978-2-8124-1413-8

Romans

Jules Barbey d'Aurevilly
Judith Lyon-Caen (ed.)
Paris, Gallimard, Collection « Quarto », 2014,  1216 p.

Passionnément attaché à Dieu et au Roi, par haine de la tiédeur, exécration de toute recherche de consensus, goût de la radicalité, Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889) peuple de fantômes le vide du présent dans ce lieu ouvert à toutes les résurgences du passé qu’est le Cotentin – un Ouest, où le temps ne passe pas comme ailleurs, et dont il enveloppe les petites villes, jadis aristocratiques et bretteuses, d’un regard nostalgique. Ce faisant, les romans de Barbey disent ce qu’aucune philosophie politique, ni aucune historiographie ne théorise ni ne figure : ils parlent du passé, comme ce qui hante, ce qui trouble, ce qui revient.

Dissimulé derrière le stéréotype du vieux dandy catholique, monarchiste et scandaleux de la décadence fin de siècle, le romancier déborde d’une énergie littéraire qui parle à la fois de sexe, de politique, et des paysages de brumes – forgeant ainsi un singulier rapport à la mélancolie. Il faut saisir la force de l’histoire dans ses romans, non seulement quand ils racontent des épisodes de la Chouannerie, mais jusque dans la peinture des enfers de la passion et du désir. Dans l’univers aurevillien, le mouvement de l’histoire et le rapport au temps s’incarnent, à proprement parler, et le sexe y est d’autant plus brutal, tourmenté, scandaleux, qu’il est historique et politique – les passions racontent la violence de l’histoire, qui marque les corps.

Édition établie et présentée par Judith Lyon-Caen

 Ce volume contient :

Introduction • Une vieille maîtresse L’Ensorcelée Le Chevalier Des Touches Un prêtre marié Les Diaboliques : « Le rideau cramoisi » • « Le plus bel amour de Don Juan » • « Le bonheur dans le crime » • « Le dessous de cartes d’une partie de whist » • « À un dîner d’athées » • « La vengeance d’une femme » • Une page d’histoire • Jules Barbey d’Aurevilly au pays du Temps. Lieux, savoirs, mémoires : Troisième Memorandum et Cinquième Memorandum


ISBN : 978-2-07-013895-1

L'Histoire littéraire. 1. Moyen Age

Alain Viala
Paris, La librairie sonore Frémeaux, 2013

Avec des textes lus par Daniel Mesguich (1 coffret de 5 CD).

On ne peut pas tout réduire à des stratégies. Pratiques d'écriture et trajectoires sociales

Dinah Ribard, Nicolas Schapira [dir.]
Paris, PUF, 2013

On parle beaucoup de stratégies aujourd’hui, à tout propos. Dans le domaine des humanités et des sciences sociales, le recours à ce terme est intensif — et intensément critiqué. Ce livre propose à la réflexion des littéraires, des historiens et des sociologues des analyses de parcours individuels semés d’écrits, dans une grande diversité de situations sociales et d’expériences politiques. Comment donner toute leur place aux écrits – comment les ouvrir  pleinement à l’interprétation – dans les trajectoires de leurs auteurs ? Comment faire droit à leur spécificité d’écrits tout en tenant compte de la manière dont ils s’entrelacent à l’expérience sociale ? Des écrivains de profession, mais aussi un petit noble et un prince, des juristes et des missionnaires, des soldats de la Révolution et des illuminés : les cas présentés ici montrent qu’une étude des textes qui garde en perspective leur insertion dans l’action épaissit plutôt qu’elle n’appauvrit ce qu’écrire a pu vouloir dire – et veut dire. Se trouve ainsi versée au débat sur les modèles de compréhension de l’action des individus la question de l’écriture : la question d’une action étalée dans le temps, qui laisse après elle des objets détachés du corps de leur auteur et fort bavards sur eux-mêmes.

Ont collaboré à ce numéro : Pascale Girard, Jean-Luc Chappey, Dinah Ribard, Christian Jouhaud, Bérengère Parmentier, Nicolas Schapira, Héloïse Hermant, Gisèle Sapiro et Alain Viala.

Lectures de Tristan L’Hermite. Le Page disgracié

Mathilde Bombart (ed)
Presses universitaires de Rennes, 2013

Surtout connu comme poète et homme de théâtre, Tristan L’Hermite (1601-1655) est l’auteur d’un unique roman, Le Page disgracié, publié en 1643. Longtemps marqué par une lecture autobiographique qui identifie le « je » narrateur et héros du récit à la personne même de Tristan, le roman soulève de nombreuses questions quant à son sens et à ses enjeux. Les études ici réunies en renouvellent l’interprétation autour de trois lignes de force. La première est celle de l’identité du page, qui est interrogée dans une dynamique de l’invention de soi effectuée au fil des aventures du héros et des épisodes du livre, mais aussi dans son rapport à la condition de noble. On s’intéresse aussi à mieux comprendre le sens de l’itinéraire du héros, comme apprentissage, sans doute inabouti, dans un questionnement qui croise une analyse de la composition ou du tempo du livre et de son exemplarité problématique. Enfin, ces études se mettent en évidence qui constitue la grande originalité du récit, la passion pour les livres, la fiction et l’écriture qui caractérise le héros, dont les récits de consommation, de récitation et de réinvention au gré de ses besoins ou des attentes de ses destinataires occupent une bonne partie du texte – tout en amenant à faire retour sur la question du rapport du « je » à Tristan, et du sens de l’écriture et de la publication de ce roman à ce point de sa vie et de sa carrière.

Joseph Balsamo. Le Collier de la reine. Mémoires d'un médecin

Alexandre Dumas
Judith Lyon-Caen (ed.)
Paris, Gallimard, Collection "Quarto", 2012,  1600 p.

Dans ce double roman pré-révolutionnaire, Dumas, ici au meilleur de son talent, se projette en maître du temps et de l’histoire. Il crée à proprement parler le passé, un passé de papier avec décors et personnages, jardins, palais et costumes, dans une cohabitation jubilatoire de personnages historiques et de personnages de fiction, d’événements réels et de situations inventées, au risque de l’invraisemblable. Nourrie de mémoires, de faits-divers relatés dans les journaux, de récits de voyance et d’hypnose, l’œuvre s’organise autour de la « médecine mesmérienne », du magnétisme animal, de la franc-maçonnerie, et tisse des passions amoureuses qui n’excluent pas toujours la vénalité, et des passions politiques dont la bassesse rime avec corruption. Une corruption des corps et des âmes telle qu’elle est irréversible et sonne le glas de la monarchie.

Edition dirigée et préfacée par Judith Lyon-Caen


ISBN : 978-2-07-013672-8

La Philosophie du temps en perspective(s)

George Herbert Mead
Trad. Michèle Leclerc-Olive, Cécile Soudan
Paris, Editions de l'EHESS, collection "EHESS Translations", 2012,  342 p.

Reconnu aujourd'hui comme l'un des fondateurs du pragmatisme, George Herbert Mead laisse une œuvre inachevée, en grande partie posthume. Dans les textes ici rassemblés, inédits en français, le temps occupe une place fondamentale, de même qu'une réflexion approfondie sur les théories qui révolutionnent la physique au début du XXe siècle, notamment la relativité qu'il conçoit comme un système de perspectives .A une époque où existe encore un dialogue nourri entre philosophes et physiciens, Mead désire relier la structure du monde à l'expérience quotidienne.

On découvre ainsi le Mead philosophe, encore éclipsé en France par le psycho-sociologue, et l'on entrevoit du même coup la grande fécondité de ses travaux pour de nombreux champs de recherche actuels, depuis l'épistémologie de l'histoire, la philosophie de l'aléatoire, jusqu'aux études cinématographiques et, plus largement, pour repenser les rapports entre les sciences sociales et celles de la nature.

Dans sa présentation, Michèle Leclerc-Olive nous fait entrer dans les coulisses de la traduction, à travers ce qu'elle appelle la « traduction délibérative », fondée sur deux vigilances, linguistique et scientifique. Avec Cécile Soudan, elle a en effet mené une véritable enquête historique, étroitement associée au travail de traduction, tant pour mettre au jour ce que la réception de Mead doit aux décisions de certains de ses éditeurs, que pour situer ces textes dans les débats intellectuels et scientifiques des années 1920.


ISBN : 978-2-7132-2365-5
Fiche éditeur : http://www.editions.ehess.fr

Amour est un pur intérêt, suivi de De la laideur

Antonio Rocco
Jean-Pierre Cavaillé (ed.)
Paris, Classiques Garnier, 2012,  144 p.

Amour est pur intérêt et De la laideur. Ces deux «discours» paradoxaux parus à Venise en 1635 présentés pour la première fois en français, avec le texte italien en regard, ont pour auteur Antonio Rocco, professeur de philosophie à Venise, membre de l'Academia degli incogniti, auteur du très sulfureux Alcibiade enfant à l'école. Ces pièces d'éloquence au style vif, chatoyant, plein d'enjouement et d'ironie, sont aussi des exercices de philosophie d'une rigueur implacable, aux enjeux considérables.

Guerres de plumes. Publicité et cultures politiques dans l'Espagne du XVIIe siècle

Héloïse Hermant
Madrid, Casa Velasquez, 2012,  570 p.

Durant la minorité de Charles II, des polémiques opposent Juan José de Austria, fils naturel de Philippe IV, aux favoris successifs de la reine-mère qui exerce la régence. Au terme de guerres de plumes, ce prince obtient l'exil des favoris et devient Premier ministre. Sa trajectoire originale met en évidence des pratiques politiques qui, en misant sur la force de l'écrit, permettent de résister aux autorités – sans désobéir ouvertement – et de gravir les marches du pouvoirs. Ainsi ces guerres de plumes ont-elles bouleversé les cultures politiques, modifié les pratiques de gouvernement et contribué, peut-être, à l'avènement d'une opinion publique.

L'Astrée

Honoré D'Urfé
Laurence Giavarini, Delphine Denis (ed.)
Paris, Champion Classiques, Collection "Littératures", 2011

Un siècle après l'Arcadia de Sannazar (1504), L'Astrée marque l'achèvement de la conquête de l'antique fable pastorale par les littératures européennes en langues vulgaires : paru entre 1607 et 1628, le roman d'Honoré d'Urfé est le dernier des grands chefs-d'oeuvre nourris de la veine des histoires de bergers. Mais la narration des amours de Céladon et Astrée dans la Gaule du Ve siècle inaugure aussi une nouvelle époque de la littérature française. Premier des grands récits publiés à l'époque où la France répare les plaies nées des guerres de Religion, l'oeuvre est très vite apparue comme une étape décisive dans l'art du roman, en même temps que, par sa philosophie de " l'honnête amitié ", elle s'est imposée à ses lecteurs comme une référence commune, offrant ainsi la mémoire littéraire des manières de sentir et d'aimer de l'âge classique.
Le présent volume d'un ensemble appelé à compter cinq tomes constitue la première édition critique intégrale de L'Astrée : fondée sur un établissement scrupuleux du texte, elle est pour la première fois accompagnée d'un important appareil d'annotation.

Giavarini Laurence, L'Astrée d'Honoré d'Urfé, 1ère partie, éd. critique établie sous la direction de D. Denis, Paris, Champion classiques, "Littératures", 2011

Rekischi to Ecritures : Kako no Kijutsu

Christian Jouhaud
Tokyo, Suiseisha, 2011,  312 p.

Histoires et Ecritures : Ecritures sur le passé, Ecritures dans le passé, en japonais, inédit en français.

Politiques de l'épistolaire au XVIIe siècle. Autour du Recueil Faret

Mathilde Bombart, Eric Méchoulan [dir.]
Paris, Classiques Garnier, 2011

Le Recueil de lettres nouvelles, dédié à Monseigneur le Cardinal de Richelieu, dit Recueil Faret, a été publié à Paris en 1627 et plusieurs fois réédité. L’ouvrage se présente comme une anthologie exemplaire des belles-lettres contemporaines, « la meilleure partie des plus belles choses que la France ait produites », selon la dédicace à Richelieu qui ouvre le livre. Il rassemble des lettres de divers auteurs dont certains sont bien connus (Malherbe, Guez de Balzac, Boisrobert) tandis que d’autres y trouvent une première occasion de publication imprimée. Parfois interprété comme le fruit d’une commande de Richelieu, ou comme une œuvre de propagande toute à sa gloire, le recueil constitue en fait un objet complexe dont l’examen permet une approche renouvelée des relations entre pratiques lettrées et pouvoirs politiques, ainsi que des rapports entre lettre, éloquence et action dans le monde. Fruit d’un dialogue international entre spécialistes d’histoire et de littérature, ce volume d’études remet en perspective les usages et les enjeux d’une des publications les plus marquantes de la première moitié du XVIIe siècle, relançant par là aussi le questionnement sur les manières de lire et d’interpréter, aujourd’hui, les œuvres du « Grand Siècle ».

Les procès du cardinal de Richelieu: droit, grâce et politique sous Louis le Juste

Hélène Fernandez
Champs Vallon, Collection Epoques, 2010,  432 p.

Chalais, décapité à Nantes en 1626; le duc de Montmorency exécuté à Toulouse en 1632; de Thou et Cinq Mars à Lyon en 1642… Au cours du règne de Louis XIII, les procès politiques nombreux, souvent spectaculaires et sanglants, ne cessent d’interpeller l’opinion: «on dit qu’il n’a jamais pardonné à personne», écrit Pierre Vacherie, un greffier de Limoges, à propos du cardinal de Richelieu qu’il rend responsable de tous les malheurs d’un «règne de sang, de fer et de cruauté».

Rassemblés, commentés, combattus dès le moment de leur déroulement, ces procès nous permettent d’observer et de comprendre les pratiques d’un pouvoir politique alors en pleine mutation, un pouvoir qui a fait de la puissance exécutive du prince et de la raison d’État le principal mode de gouvernement. Ces pratiques, qui paraissent scandaleusement nouvelles à bien des contemporains, s’inscrivent pourtant dans l’histoire longue de la monarchie depuis le Moyen Âge.

À partir de sources nombreuses, diverses, souvent inédites, Hélène Fernandez-Lacôte éclaire pour la première fois cette impressionnante série judiciaire qui a marqué la construction de l’État absolu. Elle restitue la violence et l’âpreté d’une époque et montre comment le cardinal-ministre de Louis XIII est parvenu à user de tous les moyens à sa disposition pour mettre en œuvre ces grands procès, qui tout à la fois condamnent des adversaires – ou d’anciens alliés devenus encombrants – et constituent autant de moments de publicité du politique. Événement particulièrement dramatique, l’exécution-spectacle en place publique est ici longuement réexaminée. L’importance nouvelle des procédures de l’extraordinaire – des façons inédites de gouverner, qui se déploient tant dans le domaine financier que dans celui de la justice, et par là de l’administration – est mise en valeur par l’étude de la sinistre Chambre de l’Arsenal dont l’activité judiciaire est ici pleinement restituée: jusque-là mentionnée à l’occasion de l’un ou l’autre procès, elle apparaît comme l’un des instruments majeurs de la soumission politique et de la «fabrication» de sujets obéissants.

Dans ce livre consacré aux grands et aux moins grands procès organisés par «l’homme rouge», la monarchie d’Ancien Régime, qui fut avant tout un État de justice, est observée sous la lumière crue des châtiments du roi.

Hélène Fernandez est née en 1974. Normalienne, agrégée d’histoire, docteur en histoire moderne, elle enseigne l’histoire à l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Elle publie ici son premier livre.

www.champ-vallon.com/Pages/Pagesepoques/Fernandez.html


ISSN : ISBN 978.2.87673.528.6
Fiche éditeur : http://www.champ-vallon.com

L'Historien et la littérature

Judith Lyon-Caen, Dinah Ribard
Paris, La Découverte, Collection "Repères", 2010

Il existe un débat récurrent entre littérature et histoire, formulé dans les deux disciplines. Les études littéraires posent traditionnellement la question de l'inscription de l'œuvre dans des « contextes » ou une « époque » et, pour la poser, l'histoire littéraire la plus récente tente d'intégrer au plus près des textes les acquis de la recherche historique. Mais elles interrogent peu l'historicité fondamentale de la littérature comme pratique sociale et mode de qualification des écrits. Les historiens, eux, vivent la littérature sur le mode de la tentation : ils aimeraient considérer les textes comme des sources, notamment sur le monde social, mais ont souvent du mal à développer une méthodologie adaptée, prenant en compte la littérature en tant que telle et les acquis de la recherche littéraire.

Cet ouvrage, écrit par deux spécialistes d'histoire sociale du livre et des usages de l'écrit, rend compte des diverses manières de faire de l'histoire avec la littérature, s'attache à définir méthodiquement les usages de la littérature en histoire, et développe une série de terrains ouverts par l'exploration proprement historique de la littérature (l'histoire du livre et de la lecture, la littérature comme activité sociale, la littérature comme politique, la littérature et le discours social).

Epreuves de noblesse. Les expériences nobiliaires de la haute robe parisienne (XVIe -XVIIIe siècle)

Robert Descimon, Elie Haddad (ed.)
Paris, Les Belles Lettres, 2010

À travers la noblesse de robe de Paris à l’époque moderne, c’est l’ensemble des noblesses que ce livre essaie d’éclairer. La noblesse n’est pas une donnée naturelle, elle est une construction sociale plurielle dont les matériaux sont les seigneuries, les offices et le prestige immatériel qui naît de l’exercice ancien de l’autorité et de la puissance. C’est pourquoi la noblesse est avant tout affaire de transmission. Cette transmission n’est pas non plus une opération naturelle, elle est faite d’une suite d’épreuves permanentes pour les lignages.

Ce livre alterne les analyses générales (sur l’économie politique de l’office anoblissant et les changements induits par la vénalité dans l’ordre coutumier des propriétés, sur la fusion des noblesses au XVIIIe siècle, etc.) et les études de cas (Hurault de L’Hospital, les Mesgrigny, les Pommereu, les Bragelongne, les Spifame). Ces études éclairent les mécanismes et les coûts de la transmission, de l’anoblissement, de la constitution des familles en lignages et des pratiques généalogiques. Une proposition qu’on espère nouvelle ressort de ce travail : l’intégration des structures de parenté domaniales (qui créaient la solidarité des détenteurs de châteaux, de charges et de pouvoirs seigneuriaux au Moyen Âge), en une classe nobiliaire (le second ordre) ne se réalisa qu’au XVIIe siècle et ce furent les expériences nobiliaires de la robe qui la rendirent possible.

L'Écriture des juristes (XVIe-XVIIIe siècles)

actes du colloque de Dijon (avril 2009)

Laurence Giavarini [dir.]
Paris, Classiques Garnier, 2010,  371 p.

Ce livre s'intéresse au pouvoir propre de la « mise en écrit » dans la constitution du droit, ainsi qu'à la place des formes d'écriture diverses dans les pratiques des juristes de l'époque moderne. Quel est le rapport existant entre une formation professionnelle et l'écriture ? Quel est celui que l'on peut établir entre la mise en écrit d'une règle et la constitution d'une norme ? Comment les différentes pratiques des juristes ont-elles contribué à produire la doctrine ? En quoi l'écriture du droit peut-elle ainsi constituer un « modèle » des pouvoirs, ou des limites, de l'action de l'écrit ? Il fallait réunir les travaux d'historien du droit, d'historiens de l'Ancien régime, de philosophes, de littéraires pour tenter de répondre à ces questions.

Giavarini Laurence, L'Écriture des juristes (XVIe-XVIIIe siècles), actes du colloque de Dijon (avril 2009), Paris, Classiques Garnier, 2010, 371 p.

La Distance pastorale

Laurence Giavarini
Paris, Vrin/EHESS, Collection "Contextes", 2010,  365 p.

L'historie s'écrit parfois dans les lieux dévolus à l'immémorial ; la bergerie de la littérature pastorale est un de ceux-ci. La figure du berger, représentant la fonction royale ou la poésie plus ancienne, n'est jamais mobilisée aux XVIe et XVIIe siècles sans que soit pris en charge le sens de cette immémorialité ou de cette « tradition ». Églogues, prosimètres, tragicomédies, romans sont autant de formes où s'élabore le lien enter écriture, historie immédiate et position de l'auteur. La « politique considérée comme une affaire de bergerie » (M. Foucault) permet ici de lire les "bergeries" du temps des guerres de Religion, de comprendre le geste qui conduit Honoré d'Urfé de l'action guerrière aux idéaux courtois des bergers du Forez, de déchiffrer les motifs tragiques ou tragicomiques que la pastorale élabore pendant le "moment libertin" des premières années du ministère Richelieu.

Eugène Sue, Les Mystères de Paris

Judith Lyon-Caen (ed.)
Gallimard, Collection « Quarto », 2009

« Il y a dans LesMystères de Parisune énergie sauvage : celle d’une cohorte de personnages maléfiques, malfrats hideux comme la Chouette […], Tortillard – un anti-Gavroche –, le Maître d’école ou Bras-Rouge, criminels du grand monde comme le comte de Saint-Remy, monstres hypocrites comme le notaire Jacques Ferrand. Eugène Sue n’est pas avare de noirceur. Mais il y a aussi une sauvagerie du Bien, celle de Rodolphe, prince mélancolique venu à Paris à la recherche de sa fille perdue, impitoyable avec les méchants qu’il punit au mépris des lois. On doit à sa cruauté quelques-unes des scènes les plus stupéfiantes du roman : le châtiment du Maître d’école […], ou le supplice de luxure imposé à Jacques Ferrand […]. Cette cruauté contraste avec la pureté morale de Fleur-de-Marie, comme avec la face solaire de Rodolphe, Providence de tous les malheureux honnêtes dont il croise le chemin […]. Le roman exprime dans son ensemble une quête assoiffée de régénération morale de la société, par l’amélioration des mécanismes préventifs et répressifs (c’est le sens de l’engagement de Sue en faveur dans l’encellulement des criminels) ainsi que par l’invention de mécanismes d’incitation au Bien, police ou tribunal de la Vertu, qui doivent récompenser publiquement les actions exemplaires. »

• Le dossier des Mystères : introductions de Judith Lyon-Caen. Critiques extraites de La Caricature ; critiques par de Sainte-Beuve, Delphine de Girardin, Alfred Nettement, Louis Reybaud ; Textes des mises à l’index du Vatican (1845 et 1852) ; articles publiés dans La Phalange, L’Atelier ; extraits d’enquêtes (Villermé, Buret, Parent-Duchâtelet) ; choix de lettres envoyées à Eugène Sue par ses lecteurs ; extraits deLa Capitale des signes : Paris et son discours de Karl-Heinz Stierle ; extraits des Carnets de prison d’A. Gramsci • Iconographie •

Édition dirigée et préfacée par Judith Lyon-Caen

21 documents.

Mazarinades. La Fronde des mots

Christian Jouhaud
Paris, Aubier, Collection historique, 2009 [1985],  311 p.

Pendant les troubles de la Fronde, de 1648 à 1653, des milliers de mazarinades (pamphlets, chansons, placards, lettres vraies ou fausses…) ont été écrites et diffusées. Sur le papier, tous les coups semblent permis : il s’agit, en effet, d’une littérature de combat. C’est de ce point de vue, celui de l’action, que ces armes redoutables sont étudiées dans de livre devenu un classique : l’objectif étant de repérer et d’analyser les fonctionnements de la polémique. Qui étaient les auteurs des mazarinades ? Quel rapport entre la plume d’un cardinal, celle d’un parlementaire, celle d’un prêtre gascon ou encore d’un autodidacte qui passait pour fou ? Et qui étaient les lecteurs ? Les réponses sont dans les textes, à condition de respecter leur cohérence et de comprendre leur rôle dans le secret d’un complot ou l’ostentation d’un spectacle.


ISSN : 978-2-700-7-0225-5
Fiche éditeur : http://editions.flammarion.com

Fondation et ruine d'une « maison ». Histoire sociale des comtes de Belin (1582-1706)

Elie Haddad
Limoges, PULIM, 2009

En 1582, Jean-François de Faudoas-Sérillac épouse Renée d’Averton, une riche héritière du Maine en relevant son nom et ses armes. En 1706, la lignée issue de cette alliance s’éteint, ruinée. Elle avait été illustrée par le premier comte de Belin, gouverneur de Paris pour le duc de Mayenne durant la Ligue, et par son fils aîné François II d’Averton, patron de gens de théâtre et instigateur de la querelle du Cid. Le livre dépasse l’étude de ces deux trajectoires pour une analyse d’ensemble de la famille. Mobilisant les ressources de l’anthropologie de la parenté, il démontre que les formes d’alliance et de transmission au sein de la noblesse des XVIe et XVIIe siècles relèvent d’un système à « maisons ». Le cas de la « maison » Belin devient alors un moyen d’interroger les pratiques de manipulation de la parenté à l’époque moderne, ses conflits internes, la place qu’y tiennent les femmes, les formes de l’économie domestique et ses liens avec le crédit, ainsi que les relations clientélaires et le patronage littéraire.

Parce qu’il fait du cas des Belin un exemple, ce livre interroge les caractéristiques sociales de la moyenne noblesse, ses évolutions, ses rapports au pouvoir monarchique et les mécanismes qui rendaient possible la ruine d’une « maison » nobiliaire au XVIIe siècle.

Histoire Littérature Témoignage. Ecrire les malheurs du temps

Dinah Ribard, Christian Jouhaud, Nicolas Schapira
Editions gallimard, collection Folio Histoire, 2009,  405 p.

Dans cette recherche sur « la misère du monde » à l'époque moderne, menée par Christian Jouhaud, Dinah Ribard et Nicolas Schapira, l'objectif est de tenir ensemble deux directions :

1 - présence et évidence du malheur dit par ceux qui le vivent ou le voient (c'est la question du témoignage, souvent porté par des textes, littéraires ou non, dont le but n'est pas de témoigner),

2 - effets de la stylisation ou de la mise en forme qui porte ce malheur jusqu'à ceux qui sont amenés à en rendre compte dans leur travail de compréhension du passé : où, quand, comment le malheur se trouve-t-il construit comme événement ?

Instituer un "art". Politique du théâtre dans la France du premier XVIIe siècle

Déborah Blocker
Paris, Editions H. Champion, Collection "Lumière classique", 2009

Ce livre examine les processus sociaux et politiques qui, dans le premier XVIIe siècle français, ont permis la constitution du théâtre dit classique en « art » au sens que l'époque moderne donnait à ce mot, c'est-à-dire celui d'ensemble de compétences techniques instituées. Adoptant souvent le point de vue de ses sources - qui sont en premier lieu les écrits de poétique produits dans l'entourage de Richelieu -, la tradition critique rend généralement compte de cette évolution en insistant sur le progrès qu'aurait constitué la mise en place de règles, présentées comme les fondements sur lesquels aurait trouvé à s'épanouir un théâtre perfectionné.
L'auteur de ce livre prend plutôt le parti de s'interroger en historienne sur l'origine de ces normes. L'étude montre en particulier que, dans la première moitié du XVIIe siècle français, l'institution du théâtre en tant qu'ensemble de savoir-faire spécifiques fut en réalité un produit de l'action politique et des réactions que celle-ci a pu susciter. Parce qu'il était tenu pour un moyen d'inviter à l'obéissance, le théâtre fut en effet envisagé par Richelieu et son entourage lettré comme un instrument de gouvernement. Dans ce cadre, les tentatives du pouvoir pour utiliser et réglementer le théâtre passèrent par la publication. d'une poétique, par le développement d'un théâtre à la cour et par une législation visant à modifier le statut de l'acteur. Or ces actions, ainsi que les repositionnements auxquels elles ont conduit certains acteurs du monde des théâtres (tels que Pierre Corneille), si elles n'ont pas permis à la monarchie de prendre le contrôle de l'activité théâtrale comme elle l'espérait, ont néanmoins doté le théâtre d'une présence codifiée, tout autant qu'autorisée, dans la vie publique.
L'ouvrage permet ainsi de prendre du recul vis-à-vis de la fascination persistante, dans la culture française, pour les règles du théâtre dit classique. il invite aussi à mesurer l'importance d'un phénomène historique souvent occulté dans les histoires de l'« art » et de la littérature, à savoir le rôle majeur joué, à l'époque moderne, par les autorités politiques de certains pays européens dans la constitution de ce que, dans une configuration très différente, nous continuons aujourd'hui d'appeler de l'« art ».


ISBN : 978-2-7453-1921-0

Les Pamphlets du cardinal de Retz

Myriam Tsimbidy
Paris, Editions du Sandre, 2009

A suivre ses Mémoires, le cardinal de Retz, ce « petit Catilina », ce « génie de la propagande », n'aurait écrit que sept mazarinades ! Ses contemporains les mieux informés n'ont pourtant jamais douté qu'il ait, avec son équipe de presse, publié d'autres libelles. Les historiens non plus, et ils en ont apporté la démonstration.
Cet ouvrage présente les vingt et un libelles retziens publiés en 1649, au cœur des troubles de la minorité de Louis XIV, à 1657 durant sa Fronde épiscopales : voici le pamphlétaire qui caricature, dénigre et ridiculise tour à tour la Reine, le duc d'Orléans, Mazarin, Condé, Beaufort, Chavigny... Voici l'archevêque qui plaide sa cause, et l'homme d'Etat combattant la politique de Mazarin, son éternel ennemi.
Les libelles, dont beaucoup ignorés des lecteurs des Mémoires, sont pourtant à leur genèse : même figures autobiographiques, mêmes cibles, mêmes traits d'écriture. Prémisses de sa fameuse galerie de portraits, les libelles du cardinal de Retz révèlent l'ampleur et la variété de ses dons de polémistes. Ces étonnants documents historiques et littéraires jettent un nouveau jour sur l'histoire de sa vie.

Il Compendio della poesia tragicomica - De la poésie tragi-comique

Giambattista Guarini
Laurence Giavarini (ed.)
Paris, Honoré Champion, Collection "Textes de poétique et de rhétorique de la Renaissance", 2008

Paru en 1601, le Compendio della poesia tragicomica fait la synthèse des deux libelles de Giambattista Guarini qui avaient construit son auctorialité polémique, lors de la querelle du Pastor Fido, quinze ans plus tôt. Il marque le moment où son auteur s'écarte de la polémique pour proposer une sorte d'art poétique de la tragi-comédie pastorale comme forme moderne, adaptée aux goûts et aux besoins de ses contemporains. S'il s'agit toujours pour Guarini de défendre l'autonomie de la poésie dans le monde social, hors du contrôle des professeurs de philosophie morale et civile de l'université, il entend désormais aussi donner une place au Pastor Fido dans l'histoire des formes poétiques exemplaires.

Cette édition est la première traduction française d'un texte connu des hommes de lettres du premier XVIIe siècle. Elle propose une description des enjeux de la querelle du Pastor Fido, contextualise la parution du Compendio dans la carrière de Guarini, analyse les modes de réception du texte à l'intérieur des débats français des années 1620 sur la moralité des lettres.

Giavarini, Laurence, Il Compendio della poesia tragicomica [De la poésie tragi-comique] de Giambattista Guarini, introduction, traduction et notes, Paris, Honoré Champion, "Textes de poétique et de rhétorique de la Renaissance ", 2008.

Les Epîtres dédicatoires de Scipion Dupleix. Une carrière en épîtres ?

Christophe Blanquie
Paris, Editions Kimé, Collection « Le sens de l'histoire », 2008,  128 p.

Philosophe, on lui doit l'un des premiers Cours de philosophie en français (Fayard a réédité ses principaux ouvrages dans la collection Corpus). Historien, il est l'auteur de Mémoires des Gaules et d'une monumentale Histoire générale de France aux innombrables rééditions et toujours utile aux spécialistes du XVIIe siècle. Philologue, il a composé une étonnante Liberté de la langue française dans sa pureté. Auteur prolifique, Scipion Dupleix est d'abord un magistrat : avocat du roi au présidial de Condom (1599), maître des requêtes de la reine Marguerite, assesseur criminel, conseiller d'Etat et enfin président au présidial de Nérac.

Ce cursus honorum suffirait à justifier une étude précise des épîtres dédicatoires de tous ses livres. Or celles-ci témoignent d'une rare maîtrise d'un véritable genre littéraire. Les riches épîtres dédicatoires de Dupleix offrent une passionnante introduction à la culture des érudits du premier XVIIe siècle. Le style en est travaillé en fonction du sujet de l'ouvrage comme de la personnalité des dédicataires. Une carrière en épîtres ? rassemble toutes les épîtres des ouvrages imprimés de Dupleix parvenus jusqu'à nous, y compris celle de la première édition de La Logique que ne possède aucune bibliothèque publique française. Ainsi mises en série, les épîtres révèlent leur qualité littéraire et invitent à répudier quelques idées reçues sur un genre qui ne servirait qu'à solliciter la protection des Grands.

Les Invasions mystiques. Spiritualités, hétérodoxies et censures (France, 1623-1660)

Sophie Houdard
Paris, Les Belles Lettres, 2008,  412 p.

Été 1623. D'inquiétantes nouvelles circulent à Paris. Les Alumbrados espagnols, les rose-croix allemands et les libertins ourdissent des complots sectaires, tandis qu'une religieuse diabolique annonce l'apocalypse : une série d'invasions mystiques, nouvelles et étrangères, utiliserait secrets et pratiques hétérodoxes pour renverser l'Église et l'État. Les autorités religieuses tâchent de faire le tri entre une vraie et une fausse mystique, tentent vainement d'établir des critères de partage séparant l'acceptable de ce qui ne l'est pas et finissent par obliger les spirituels eux-mêmes à se justifier et à se corriger sans cesse. C'est pourquoi, face à la qualification hérétique, face au risque de l'imposture qu'on leur oppose, les spirituels doivent dissimuler, disparaître dans la conformité ou, comme le jésuite Jean-Joseph Surin, sombrer dans la folie. Soumis aux corrections, aux censures et aux contraintes de toutes sortes, ces courants spirituels ont une histoire conflictuelle.
Le livre retrace leur histoire et interroge une historiographie qui a pendant longtemps faussé la perspective et interdit d'observer la place réelle de ces mouvements dans la France religieuse, politique et culturelle du XVIIe siècle.


ISBN : 978-2-251-38091-9
Fiche éditeur : http://http://www.lesbelleslettres.com

Le France galante

Alain Viala
Paris, PUF, Collection "Les Littéraires", 2008,  541 p.

De La Fontaine, qui écrivait selon« le goût galant de son siècle », à Rameau et son opéra des Indes galantes, des« fêtes galantes" organisées à Versailles aux Fêtes Galantes de Watteau, un courant esthétique large et profond parcourt la Franced'Ancien Régime. U construit l'idéal du galant homme, à la fois homme d'honneur et compagnon agréable.

Cette dynamique liée à l'essor de nouvelles élites domine alors la France et l'Europe. Présente dans tous les arts et dans tous les aspects des mœurs, aussi bien la morale amoureuse et la question de l'égalité des sexes que la civilité, elle érige en valeurs cruciales l'esthétique de la sensibilité tempérée et l'éthique du respect. Pour autant, elle n'est pas exempte de contradictions et de querelles, et les dévots la combattent tandis que certains galants la dévoient en libertinage.

Au fil d'un récit simple et généreux, une enquête originale revisite des pans entiers de l'histoire littéraire et culturelle. En replaçant dans leurs contextes foule d'œuvres, de Molière à Fragonard en passant par Mme de La Fayette, Marivaux, Montesquieu ou Rousseau, et foule de pratiques sociales des salons, de la Couret des villes de province, elle ressaisit les façons de penser et de sentir du temps. Cette histoire du temps où la Franceétait galante met en lumière la modernité d'un idéal dont les échos hantent toujours le devenir de notre culture.


ISBN : De La Fontaine, qui écrivait selon« le goût galant de son siècle », à Rameau et son opéra des Indes galantes, des« fêtes galantes" organisées à Versailles aux Fêtes Galantes de Watteau, un courant esthétique large et profond parcourt la Franc
Fiche éditeur : http://www.puf.com

Sauver le Grand-Siècle ? Présence et transmission du passé

Christian Jouhaud
Paris, Editions du Seuil, 2007,  312 p.

Les monuments historiographiques peuvent-ils transmettre autre chose qu’un patrimoine à célébrer ? Le Grand-Siècle et ses solennelles majuscules sont un terrain idéal pour poser cette question. Ce livre cherche des présences vivantes du passé en s’intéressant de préférence aux lézardes sur la façade du monument. Il le fait à partir du « journal » de Marie Du Bois, valet de chambre de Louis XIV, et de divers écrits d’historiens consacrés au XVIIe siècle.

Il procède d’abord à une inversion de places : le témoin direct de son temps est traité en historien, alors que les écrits des historiens sont considérés comme des témoignages sur l’action de rendre la passé présent. Dans les deux cas, l’entrelacement du passé et de l’écriture qui le restitue est saisi comme l’événement d’une rencontre. Une telle rencontre advient dans des « lieux » historiques qui constituent les différents chapitres du livre : la vision, la commémoration, l’enfance, l’envers et l’endroit, l’action d’entrer, de construire des espaces, de poser des frontières et de les subvertir.

Un magistrat à l'âge baroque. Scipion Dupleix (1569-1661)

Christophe Blanquie
Paris, Publisud, Collection « L'Europe au fil des siècles », 2007,  281 p.

Né à Condom en 1569, mort dans cette même ville en 1661, Scipion Dupleix a passé sa longue vie la plume à la main. Philosophe ? Bien sûr, et même l'auteur d'un des premiers cours de philosophie en langue française. Historien ? Tout autant car, historiographe du roi, il compose une Histoire générale souvent rééditée. Juriste ? Assurément. Et encore polémiste et philologue... Mais derrière cette œuvre monumentale et toujours visitée, il y a surtout un magistrat, fier de ses fonctions et appliqué aux commissions qui le conduisent sur les chemins de Gascogne.

Tout en fréquentant la cour, il reste attaché à sa cité natale et participe activement à son administration. Pour le suivre dans les rues de Condom, où il se dispute avec Pierre Charron, comme à la cour de la reine Margot, dont il est maître de requêtes, il a fallu mener un patient travail de recherche parmi les minutes des notaires parisiens comme dans les registres consulaires de Condom ainsi que dans les archives diplomatiques.

On avait rarement reconstitué avec autant de précision un tel parcours. Connu du roi et reconnu de ses ministres, Dupleix appartient à ce groupe des officiers moyens dont on pressentait l'importance sans avoir mesuré toute la part qu'ils ont prise à la transformation de la France du premier XVIIe siècle.

Le portrait de Dupleix devient ainsi un tableau de la France de Louis XIII.


ISBN : 978-2886600-848-1
Fiche éditeur : http://editionspublisud.hautefort.com

Guez de Balzac et la querelle des Lettres. Ecriture, polémique et critique dans la France du premier XVIIe siècle

Paris, H. Champion, 2007,  553 p.

    On connaît ou on croit bien connaître bien le Guez de Balzac « classique », le théoricien de l’urbanité, critique littéraire proche des milieux mondains parisiens des années 1640-1650. En revanche, sa première œuvre, les Lettres, publiées en 1624, et les remous qu’elle a suscités sont restés peu explorés, obscurcis par l’enchevêtrement des conflits, dissous dans une série d’anecdotes sans réel intérêt. Qu’est-ce exactement que cet événement consacré par l’histoire littéraire sous le nom de « querelle des Lettres » ?
    Usant d’une écriture raffinée et souvent équivoque, fourmillant d’allusions à l’actualité politique et mondaine, le recueil des Lettres est conçu pour éveiller la curiosité d’un public large et rencontre un vif succès. Aux applaudissements succède pourtant le scandale : Balzac est accusé de libertinage, condamné au nom d’une économie du discours où le culte du « bien dire » et la recherche de nouvelles formes sont preuves de déviance. Mais la querelle s’emballe et nourrit une dynamique d’écriture et de publication importante.
    Cette dynamique est l’objet de ce livre : elle donne l’occasion, rare pour les siècles anciens, de saisir un livre en le confrontant à l’effet qu’il a eu sur ses premiers lecteurs, aux interprétations, complexes et contradictoires, qu’il a suscitées. Au-delà de l’étude d’une œuvre ou d’un auteur, la polémique donne un accès à certaines des opérations à l’œuvre dans la perception des écrits, à une époque où se mettent en place, non sans conflit, les cadres symboliques et sociaux et qui régleront, sur le long terme, le monde du livre en France.

Construire l'exemplarité. Pratiques littéraires et discours historiens XVIe-XVIIIe siècles

Laurence Giavarini [dir.]
2006

Que signifie « construire l’exemplarité » pour les littéraires et les historiens ici réunis ? Prendre l’exemple à la fois comme objet et comme méthode de travail. Faire le partage entre le cas et l’exemple, entre l’exemplum et l’exemplar, mais aussi déplacer et réarticuler ces distinctions pour interroger les grands récits exemplaires, mettre les constructions de l’histoire littéraire et de la discipline historique en tension avec l’histoire que font les textes de la période choisie (XVIe-XVIIIe siècles), quand ils tiennent un discours sur l’exemplarité.

Les études rassemblées dans ce volume s’intéressent à l’histoire des catastrophes (pestes, incendies, guerres) qui ont lieu devant Dieu mais que des hommes rapportent, à l’histoire de ce qui semble échapper à l’exemplaire (le monstrueux, le libertin, le mal) mais fait d’autant mieux exemple, à la vie d’une sainte, la geste d’un chevalier, l’éloge d’un artisan tailleur et cordonnier. La sécheresse de l’archive y est confrontée à l’historiette, l’histoire tragique aux mémoires du temps, l’hagiographie du roi à son fantoche, le naturalisme d’un philosophe à son esthétique. Des pouvoirs du récit, des tensions de l’exemplarité se dégage l’idée que certains groupes sociaux se construisent, à un moment décisif, autour des figures exemplaires qui les incarnent, comme certains savoirs au travers du cas qui les met en question.

2006, Giavarini Laurence, « Construire l'exemplarité. Pratiques littéraires et discours historiens XVIe-XVIIIe siècles », actes du colloque de Dijon (3-4 mars 2006) parus en ligne sur le site de Fabula en septembre 2006. Désormais publié aux Editions Universitaires de Dijon ; seuls les résumés en anglais et en français figurent sur le site de Fabula : http://www.fabula.org/colloques/sommaire150.php

La Lecture et la vie. Les usages du roman au temps de Balzac

Judith Lyon-Caen
Paris, Taillandier, 2006,  383 p.

Dans la première moitié du XIXe siècle, période souvent mal connue, il est principalement resté le roman. On continue à lire massivement Stendhal, Balzac et George Sand. Jamais autant qu’à l’époque romantique les romanciers ne ses sont appliqués, avec succès, à révéler la société à elle-même, explorant ses dessus et ses dessous, à Paris et en province, chez les élites et dans le peuple. Dans les situations et les personnages, les lecteurs et surtout les lectrices, se retrouvent eux-mêmes par un puissant effet de miroir.

C’est à mesurer cet effet que s’attache Judith Lyon-Caen dans cet ouvrage pionnier, montrant comment le lecteur s’approprie le récit, s’y reconnaît, l’incorpore à sa propre existence, devient un héros de la Peau de chagrin, du Lys dans la vallée, ou des Mystères de Paris. Elle recourt pour cela à une source inexploitée, les centaines de lettres inédites que des lecteurs inconnus adressèrent à Balzac et à Eugène Sue pour leur parler de soi. « Le livre de Judith Lyon-Caen », précise Alain Corbin dans sa préface, « fournit un matériau à l’histoire de la connaissance de soi, aujourd’hui en plein essor, et dévoile tout particulièrement un peu de l’intimité féminine. En outre, l’auteur explore les effets de la fiction sur la société qui la reçoit et au sein de laquelle s’opère, par elle, un nouveau mode d’intervention politique. » Car telle fut la puissance du roman français à son âge d’or, la monarchie de juillet.

Couverture : La lectrice par Mosé Bianchi

Huile sur toile (XIXe siècle), Milan, Pinacoteca di Brera.


ISBN : -284734-309-0

Joachim Hane, un fugitif en Bordelais. Les aventures d'un récit

Cécile Soudan
Bordeaux, Editions Ausonius, collection « Scripta Varia », 2005,  160 p.

Ce livre raconte deux histoires. La première est celle de Joachim Hane, ingénieur allemand au service de l'arméme anglaise. C'est le récit mystérieux d'une errance éperdue dans les campagnes de Guyenne juste après la Fronde. Venu on ne sait pourquoi dans cette région, poursuivi par les Français, sans cesse évadé, toujours confiant en l'aide de Dieu, Hane finit par retrouver le chemin de la mer et de l'Angleterre. Là, il écrit ce qui est peut-être un jour de ses épreuves, peut-être un rapport, en tou cas un texte énigmatique qui a été pourtant lu, soigneusement copié et archivé.

La deusième histoir est celle de ce manuscrit inséré dans un fonds d'archives, qui a connu lui-même toutes sortes de pérégrinations, avant d'en être finalement extrait, au début du XXe siècle, pour être publié comme le rapport d'un espion envoyé en France par Cromwell. Aussi passionnate que la première, et jusqu'ici totalement inconnue, cette histoire de l'invention d'un document et de la transmission d'un écrit est en même temps une réflexion en acte sur le travail de l'historien confronté à une écriture issue du passé, objet à la fois bavard et silencieux qui est ici rendu à son irréductible altérité.

Histoire du théâtre

Alain Viala
Paris, P.U.F., collection "Que sais-je ?, 2005

Tout le monde sait ce qu'est le théâtre, du moins tout le monde en a une idée. Mais sous cette évidence se lovent des réalités complexes. Le théâtre est un ensemble œuvres, un répertoire, c'est aussi une pratique du spectacle, dont les œuvres décrites ne sont qu'une part ; ce sont également des lieux, plus ou moins spécialisés, et des personnes, elles-mêmes plus ou moins spécialistes ; parfois, enfin, c'est un rituel, qui peut s'inscrire dans des pratiques religieuses et politiques...
Cet ouvrage retrace l'histoire du théâtre et de sa place dans notre société depuis ses origines gréco-romaines, jusqu'à ses formes les plus contemporaines.

Les présidiaux de Daguesseau

Christophe Blanquie
Paris, Publisud, 2004,  386 p.

Juridiction intermédiaire instituée en 1552 par Henri II pour renforcer l'armature judiciaire du royaume et rapprocher la justice des justiciables, les présidiaux, étaient initialement au nombre de soixante ; à la fin du XVIIIe siècle, ils seront une centaine. Ils rassemblent une magistrature seconde qui, sans s'égaler à la noblesse de robe siégeant dans les parlements, joue un rôle similaire dans les villes dépourvues de cours souveraines. Ces juridictions sont les premières bénéficiaires de la politique de réunion des justices mise en œuvre, dans la première moitié de ce siècle, par le chancelier Daguesseau, dont ils révèlent les qualités d'administrateur, aussi soucieux de s'informer que de susciter l'adhésion des magistrats. Les choix du ministre à l'égard de la magistrature seconde revêtent une importance stratégique car ils sont susceptibles de modifier dans la longue durée la capacité d'action du pouvoir royal et la dynamique des institutions monarchiques. Le législateur que célèbrent les juristes, le piètre politique que décrivent volontiers les historiens se révèle alors un administrateur particulièrement attentif. Le constat d'une modification de l'équilibre de l'institution présidiale sous l'effet des réunions permet de modifier l'appréciation portée sur Daguesseau et, surtout, par son impact tant sur la vénalité des offices que sur l'organisation judiciaire contribue à une meilleure connaissance des présidiaux et de leur rôle au sein des institutions de la France moderne. Daguesseau écrit là une page décisive de l'histoire de la justice et les effets de son action se prolongeront jusqu'à la révolution.

Les Institutions de la France des Bourbons (1589-1789)

Christophe Blanquie
Paris, Belin, 2003

Ce manuel rend compte du « foisonnement baroque » (Pierre Goubert) des institutions de la France d'Ancien Régime, depuis le règle fondateur d'Henri IV jusqu'à la Révolution. Au plus près des archives, il offre des clés pour comprendre tout à la fois l'unité, autour du souverain, et la diversité, jusqu'au cœur des bourgs et des villages, de ces « organismes vivants » qui unissent, et parfois opposent gouvernés et gouvernants.

L'auteur étudie les institutions qui puisent leur justification et leur légitimité de la proximité du prince (le conseil du roi est la première d'entre elles), comme celles qui procèdent de la « France profonde » : état généraux, états provinciaux, villes, communautés...

A travers l'esprit, l'histoire, l'évolution de ces appareils de pouvoir, mais aussi leurs méthodes et leur personnel (les officiers qui les font vivre), c'est la monarchie d'Ancien Régime qui se trouve ici présentée, dans ses principales composantes : une monarchie de justice, de finances, de police (administration) construite autour du discours et de la souveraineté du roi en action.


ISBN : 2-7011-3403-X
Fiche éditeur : http://www.éditions-belin.com

Un professionnel des lettres au XVIIe siècle. Valentin Conrart : une histoire sociale

Nicolas Schapira
Seyssel, Champ Vallon, 2003,  512 p.

 

L’histoire de Valentin Conrart est celle d'une puissance sociale fondée sur une exceptionnelle présence dans le monde des lettres de son temps : au lieu de poursuivre l'ascension familiale dans le négoce, il devient officier du roi spécialisé dans les affaires de librairie, secrétaire de l'Académie française, figure en vue des salons, personnage central enfin du monde des auteurs qui l'érigent en « secrétaire d'État des belleslettres ». En démontant les ressorts de cette autorité qui n'est assise sur aucune oeuvre, ce livre revisite ce que le secrétaire de l'Académie appelle lui-même la « profession des lettres » au XVIIe siècle. À suivre Conrart dans ses activités d'intermédiaire de publication, c'est-à-dire de fabrication de la réputation des auteurs, on découvre sous un nouveau jour les relations entre pouvoir royal et écrivains, le processus de production des livres entre le cabinet de l'auteur, l'atelier du libraire et la Chancellerie où se délivrent les privilèges d'impression, et par là les logiques profondes qui gouvernent la « république des lettres ».

Mais Conrart utilise encore sa compétence dans le maniement des textes pour rendre de multiples services au pouvoir politique, aux aristocrates des salons, à la communauté protestante parisienne dont il est un notable, à sa famille de commerçants et de banquiers. La démarche de Nicolas Schapira consiste à observer ces espaces sociopolitiques à la lumière de l'activité d'un homme de lettres en leur sein, et à envisager en retour les lettres à partir de leurs effets dans d'autres champs sociaux, à une époque où ni la littérature ni l'écrivain n'ont encore de statut bien défini. En croisant tous les fils qui tissent une identité sociale, l'auteur démontre ainsi que le professionnel des lettres du XVIIe siècle est un professionnel de la politique, dont la réussite sociale – fortune, honneur, réputation – dépend de la capacité à négocier dans l'action, c'est-à-dire plume en main, la diversité de ses engagements.


ISBN : 2.87673.374.9
Fiche éditeur : http://www.champ-vallon.com

Dis/simulations. Religion, morale et politique au XVIIe siècle. Jules-César Vanini, François La Mothe Le Vayer, Gabriel Naudé, Louis Machon et Torquato Accetto

Jean-Pierre Cavaillé
Paris, Editions H. Champion, 2002

Après une analyse des notions de simulation et de dissimulation, omniprésentes et centrales dans l'ensemble de la culture des XIVe et XVIIe siècles, l'auteur étudie les stratégies d'expression de quelques écrivains de la première moitié du XVIIe siècle qui sont aussi des théoriciens de la dis/simulation : Jules-César Vanini, condamné au bûcher pour athéisme à Toulouse en 1609 ; Gabriel Naudé, le bibliothécaire libertin du cardinal de Mazarin, auteur des Considérations politiques sur les coups d'Etat dont on dit qu'elles furent imprimées à Rome en douze exemplaires ; son ami François La Mothe Le Vayer, contempteur sceptique de l'art politique et pourtant précepteur de la famille royale ; Louis Machon, agent de Richelieu, auteur malheureux d'une Apologie de Machiavel impubliée, aujourd'hui encore manuscrite ; Torquato Accetto, enfin, obscur secrétaire d'une petite principauté italienne, auteur du fascinant traité de la Dissimulationhonnête. Un chapitre est consacré à chacun d'entre eux, où l'examen de la figure humaine de l'auteur, telle qu'elle apparaît dans la documentation, est étroitement associée à l'interprétation des textes.
Par ce travail de patiente exégèse des œuvres restituées dans leur contexte historique le plus proche, l'ambition de l'ouvrage est de présenter une nouvelle image de la culture du XVIIe siècle, plus complexe et plus conflictuelle que les clichés du tout baroque ou de la grandeur classique. L'auteur se propose enfin de contribuer par son étude à une interrogation sur les pratiques de lecture et d'écriture, et, à travers celles-ci, sur les rapports aux pouvoirs et aux institutions de tous ceux qui aujourd'hui pratiquent l'histoire et la philosophie, par profession ou par amour.


ISBN : 2-7453-0498-4

Une vie de frondeur, le chevalier de Thodias (1616-1672). Un gouverneur de Fronsac et Coutras, premier jurat de Bordeaux

Christophe Blanquie
Coutras, G.R.A.H.C., 2001,  280 p.

Longtemps on a douté de la portée de la Fronde : on ne connaissait que les Grands dont les partis se sont affrontés pendant la minorité de Louis XIV.
Une vie de frondeur retrace le parcours d'un cadet de la noblesse provinciale que la protection du prince de Condé, qu'il a suivi sur les champs de bataille de la guerre de Trente Ans, jette au premier rang des soldats de cette guerre civile.
Fils d'un seigneur du blayais-bourgeais, gouverneur du duché de Fronsac et Coutras puis premier jurat de Bordeaux et commandeur de Castelnau-sur-Guple, le chevalier de Thodias incarne un moment de l'histoire de la Guyenne. Son accent donne encore sa saveur à ses lettres si riches d'informations.
La présentation de sa correspondance achève de faire de cette biographie une contribution indispensable à notre histoire.

Le Philosophe antichrétien

manuscrit anonyme de la bibliothèque de l'Arsenal (XVIIe siècle),

Jean-Pierre Cavaillé (ed.)
2001

C'est trop s'arrester sue une matiére. Laissons ce mariage, et nous en délivrons courageusement comme d'un embarras et d'une entrave, qui nous arreste et nous attache à une servitude et misere sans reméde. Cherchons d'autres douceurs dans la vie. Nous avons dequoy choisir. Les maniéres de satisfaire à ses désirs sont différentes, et de plusieurs sortes ; chacun peut suivre son humeur. Les uns chérissent la liberté du Bordel ; les autres estiment surtout la commodité d'une concubine. C'est icy l'ordre, ce me semble, que la plus part suivent dans leurs plaisirs.

Les Pouvoirs de la littérature

Histoire d'un paradoxe

Christian Jouhaud
Paris, Gallimard - NRF essais, 2000,  450 p.

Pouvoir politique et littérature ont partie liée. Tout aurait commencé, dit-on, au XVIIe siècle, avec les belles carrières dans l’ombre de la cour, le mécénat, le clientélisme, le service profitable. Mais ce qui se joue alors est d’une autre ampleur. Les hommes de lettres qui font profession d’écrire – les écrivains – bénéficient assurément d’une reconnaissance nouvelle, tandis que la production et la publication d’écrits les plus divers (dont la hiérarchie est d’ailleurs en plein bouleversement) donnent naissance à un domaine, à la fois symbolique et pédagogique, où s’édifiera plus tard le monument imaginaire appelé littérature.

Quelque chose de fondamental dans l’ordre de la domination politique s’accomplit aussi par cette association. La littérature devient une arme dont le pouvoir use pour imposer son ordre sociopolitique dans les divers espaces de la production culturelle et pour assurer ainsi la « manutention des esprits ». Le paradoxe est que la littérature puisera son autonomie et ses propres pouvoirs dans cette soumission, acceptée parfois dans l’enthousiasme d’une adhésion.

Divertissement ou voie nouvelle pour penser le monde, la littérature pénètre profond dans le corps politique du royaume. En retour, les écrivains, qui n’avaient pas de statut identifiable dans la société de leur temps, profitent eux-mêmes, avec la création de l’Académie, du privilège de former un « corps » dans l’Etat. Cette politisation de la littérature conduira pour finir à la littérarisation du pouvoir, lorsque au XVIIIe siècle la littérature deviendra un refuge critique et un tribunal moral.

La Sylvanire ou la morte-vive

Honoré D'Urfé
Laurence Giavarini (ed.)
Toulouse, Société de Littératures classiques, 2000

Depuis sa première parution en 1627 La Sylvanire d'Honoré d'Urfé n'avait jamais été rééditée. C'est pourtant un texte essentiel, et d'abord par sa beauté, sa singularité dans un genre qui doit presque tout aux Italiens, au Pastor fido de Giambattista Guarini notamment, au point de ne sembler offrir au lecteur français que la répétitivité de ses formes et de son discours. Le projet d'Honoré d'Urfé est autrement complexe, comme le montre l'« Avis au lecteur » ouvrant cette unique édition, véritable art poétique d'un texte de théâtre « à lire », qui jette un éclairage particulier sur l'importance de la pastorale dramatique pendant le premier XVIIe siècle.

La Sylvanirese caractérise en effet par sa participation à un riche processus de publication. Adaptation d'un épisode de L'Astrée ou première ébauche d'un épisode romanesque qui ne serait peut-être pas d'H. d'Urfé, patron de la réécriture donnée [sous le même titre] par J. Mairet en 1631, cette pastorale dramatique composée de quelque 9.000 vers libres concentre les questions d'écriture à travers lesquelles se définissent ou se redéfinissent, pendant la période qui précède la fixation des règles, le statut de l'auteur, le sens donné à l'imitation, la question des genres, le rapport entre poésie et langue. On peut lire ainsi, à travers ce réseau de discours et de représentation, les enjeux engagés dans la composition d'une pastorale française.

Giavarini, Laurence, Edition critique (établissement du texte, introduction et notes) de Honoré d'Urfé, La Sylvanire ou la morte-vive, fable bocagere, Toulouse, Société de Litétratures classiques, 2000.

La France du premier XVIIe siècle, 1594-1661

Christian Jouhaud, Robert Descimon
Paris, Editions Belin, 1996,  235 p.

De l'entrée d'Henri IV après la défaite de la Ligue (1594), jusqu'au début du règne personnel de Louis XIV (1661), ce livre scrute la politique française. Rejetant un certain nombre de lieux communs historiographiques, il s'interroge d'abord sur ce qu'était la politique au XVIIe siècle. Il aborde ensuite six thèmes : les spécificités du régime socio-politique mis en place par Henri IV et son équipe, les rapports entre politique et religion, la question de l'ordre et du désordre, le choix de la guerre et ses conséquences, la culture de l'imprimé, la Fronde, pour aboutir à une analyse de la notion d'absolutisme. De chapitre en chapitre, il insiste sur une rupture majeure : la mise en place d'un régime de l'extraordinaire qui se substitue peu à peu aux formes ordinaires de l'exercice du pouvoir. es auteurs tentent ainsi de faire découvrir à leurs lecteurs, et tout particulièrement aux étudiants, les lignes de force de l'histoire du premier XVIIe siècle et les acquis de la recherche actuelle, en s'efforçant de ne pas caricaturer la complexité des questions qu'elle soulève.


ISSN : 2-7011-1499-3

Les Sciences du diable. Quatre discours sur les démons et les sorciers (XVe-XVIIe siècle)

Sophie Houdard
Paris, Editions du CERF, 1992,  233 p.

Du XVe au XVIIe siècle, l'Europe se passionne pour les démons et les sorciers. L'inquiétude, dont la sorcellerie est le témoignage et dont les bûchers seront souvent le règlement violent et spectaculaire, n'est ni le résultat de l'ignorance crédule, ni le signe d'une persécution aveugle et obsessionnelle. La sorcellerie est, tout au contraire, l'objet d'un savoir - la démonologie - que des savants, des juges, des lettrés ont peu à peu élaboré et sans cesse réexaminé. Grâce aux ouvrages que les spécialistes ont laissés, nous pouvons accéder aujourd'hui à cette culture où le surnaturel était au centre de la vie quotidienne et intellectuelle.

Les quatre juges qui ont été choisi - J. Sprenger, Bodin, H. Boguet et P. de Lancre - comptent parmi les plus célèbres spécialistes : en présentant leurs discours sur l'hérésie démoniaque, Sophie Houdard met en évidence quatre manières de représenter les pouvoirs du diable.

Echelonnés sur deux siècles, ces ouvrages constituent quatre images du monde où le diable joue chaque fois un rôle déterminant mais toujours différent. Le diabolique est au cœur d'une culture qu'il fallait faire ressurgir pour mieux comprendre pourquoi et comment elle lui a donné peu à peu congé.

« La démonologie constitue peut-être la dernière construction totalisante offerte par le christianisme, le dernier langage universaliste articulé par l'Église » (Alain Boureau, Préface).


ISSN : ISSN 0769-2633

ISBN : ISBN 2-204-04412-1

De Sapientia Veterum (La Sagesse des Anciens)

Francis Bacon
Jean-Pierre Cavaillé (ed.)
Paris, Vrin, 1997

"Les profondeurs et les replis de l'antiquité sont comme séparés de la mémoire et de la clarté des siècles suivants par le voile des fables".
Pan, ou la Nature ; Persée, ou la Guerre ; Orphée, ou la Philosophie ; Sphinx, ou la Science ; les Sirènes, ou le Plaisir... Dans cet ouvrage singulier, publié en 1609, le promoteur de la égrande restauration" des savoirs se livre à l'interprétation des mythes - fables - de la tradition gréco-latine. Mais en restituant la "sagesse des anciens", Bacon expose d'abord avec une grande vigueur et rigueur, sous une forme particulièrement attractive, sa propre pensée, envisagée dans ses multiples orientations : philosophie de la nature, conception de la science, moral, politique...
Cette nouvelle traduction du texte latin est précédée d'une étude introductive consacrée aux fonctions et enjeux de l'audacieuse et complexe entreprise mythographique.

Traduction, introduction et annotation par Jean-Pierre Cavaillé.

L'infinito, universo, e mondi (De l'infini, de l'univers et des mondes)

Giordano Bruno
Jean-Pierre Cavaillé (ed.)
Paris, Les Belles Lettres, 1995

De l'infini, de l'univers et des mondes, Londres 1584

"Ce ne seront point, ô Filoteo, lesrumeurs de la foule, l'indignation du vulgaire, les protestations des idiots, le mépris de tel ou tel satrape, la stupidité des insensés, l'idiotie des cuistres, les affirmations des menteurs, les plaintes des méchants et la détraction des envieux qui me priveront de ta noble vue et me soustrairont à ta divine conversation. Persévère, cher Filotoe, persévère ; ne te décourage pas et ne recule pas sous prétexte qu'avec qu'avec le secours de multiples machinations et artifices le grand et solennel sénat de la sotte ignorance menace et tente de détruire ta divine entreprise et ton grandiose travail. Et sois assuré qu'à la fin ils verronts tous ce que je vois."

Giordano Bruno

Descartes, la fable du monde

Jean-Pierre Cavaillé
Paris, Vrin-EHESS, 1992

Mundus est fabula, "Le Monde est une fable". Cette formule énigmatique figure dans un livre ouvert tenu par Descartes, sur le célèbre portrait du philosophe peint par Weenix. Or, Descartes est l'auteur d'un ouvrage de physique présenté comme une "fable" et intitulé, précisément, Le Monde. Ce jeu subtil de l'épigraphe, qui évoque l'énonciation d'une physique nouvelle à travers la dénonciation du peu de réalité du monde, nous rappelle que l'oeuvre de Descartes s'inscrit profondément dans le baroque européen.
Il s'agit ici, pour rendre compte de la présence paradoxale d'une fable dans un écrit revendiquant la production de la vraie science, de confronter le texte cartésien à cette culture d'une extraordinaire vitalité, obsédée par l'artefact et hantée par le scepticisme.

Curriosité et Libido sciendi de la Renaissance aux Lumières

Sophie Houdard, Nicole Jacques-Chaquin [dir.]
ENS Editions Fontenay Saint Cloud, Collection "Theoria", 1998

Dès l'Antiquité, qu'elle soit païenne ou judéo-chrétienne, la libido sciendi apparaît, dans divers systèmes de représentation, comme l'un des principes constitutifs de l'homme, mais suscite, chez les théologiens comme chez les philosophes, quelque méfiance.

Cet ouvrage en 2 volumes, travail collectif issu des curiosités de chercheurs d'horizons divers et publié dans le cadre du Centre de recherche Li Di Sa (Littérature et Discours du Savoir), s'interroge sur les permanences, le devenir et les métamorphoses des diverses conceptions de la curiosité, dans une période qui va essentiellement de la Renaissance aux Lumières, mais sans s'interdire quelques escapades chronologiques. La place et le rôle que lui réservent les théoriciens dans les divers champs du savoir, les mythes et fictions qu'elle suscite, les objets ou figures qui la symbolisent sont donc étudiés. Apparaissent ainsi, dans leur rapport particulier au désir de connaissance, divers personnages: historiens, philosophes, lecteurs, voyageurs, amateurs d'art, scientifiques, voire inquisiteurs, pour ne citer que quelques avatars des «curieux» évoqués.


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